Le 19 janvier, les syndicats appellent à lancer «une puissante mobilisation» sur les retraites

Unanimité

Réunies en intersyndicale, les huit principales organisations de salariés ont affiché leur unité après les annonces d’Elisabeth Borne sur le report de l’âge légal de départ à 64 ans. Selon elles, «rien ne justifie une réforme aussi brutale».

Une réponse immédiate et, surtout, unanime, une première depuis douze ans et la réforme des retraites de 2010 signée Sarkozy-Fillon. Une heure et demie à peine après que la Première ministre, Elisabeth Borne, a confirmé le projet du gouvernement de reporter l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, les représentants des huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CGE-CGC, CFTC, FSU, Unsa, Solidaires) s’affichent ensemble, mardi soir, à la Bourse du travail, un lieu parisien symbolique des luttes sociales, que Solidaires a proposé et réservé. Cette réunion a été courte, et pour cause : l’essentiel avait été calé en amont. Les annonces de la Première ministre n’ont fait que confirmer l’opposition unanime à son projet, même saupoudré de mesures sur la pénibilité, les carrières longues ou les petites pensions.

Sous les objectifs d’une foule de caméras, dans un brouhaha alimenté par la hauteur sous plafond de la grande salle où tout le monde s’est réuni pour écouter les représentants des salariés, c’est Laurent Berger, le leader de la CFDT, premier syndicat de France mais pas‚ d’ordinaire, le plus vindicatif, qui lit le communiqué tout juste adopté. Une première journée de grèves et de manifestations, point de «départ d’une puissante mobilisation dans la durée», est annoncée pour le jeudi 19 janvier, quatre jours avant la présentation du projet en Conseil des ministres. Deux jours, aussi, avant une «marche» organisée par des organisations de jeunes et soutenue par La France insoumise (LFI) contre la réforme. Manière de rappeler qu’en matière de mobilisation sociale, ce sont les syndicats qui dictent le rythme et la méthode. Pas les partis politiques. Signe de l’importance du moment : on entendra Cyril Chabanier, le président de la CFTC, syndicat réformiste parmi les réformistes, dire qu’«il va falloir frapper fort» dans la rue.

«Tout le monde va travailler plus longtemps»

Dans le communiqué adopté par l’intersyndicale, la réforme est étrillée : elle «va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et celles et ceux dont la pénibilité n’est pas reconnue». Elle «va aggraver la précarité de celles et ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes». Bref, «rien ne justifie une réforme aussi brutale» alors même, insistent les syndicats, que «le système par répartition n’est pas en danger».

Aux journalistes qui se réunissent en grappe autour d’eux, les responsables syndicaux développent les arguments : «3 % de déficit, c’est rien. Regardez ! La majorité des entreprises privées sont plus endettées que 3 %, et ça ne poste aucun problème», lance Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, à quelques micros. Et les mesures de «justice sociale» proposées par le gouvernement ? «Le progrès social, ce n’est pas de travailler plus longtemps, c’est de travailler moins longtemps.» Et les exceptions maintenues pour les carrières longues, la pénibilité ? «Si vous faites une course, à partir du moment où le poteau d’arrivée est plus loin, même ceux qui ne vont pas au bout courent plus longtemps», répond le leader cégétiste, qui rappelle que «tout le monde va travailler plus longtemps». François Hommeril, le président de la CFE-CGC, explique pourquoi, contrairement à ce qu’on pourrait penser, des cadres aussi sont concernés : il cite «le cadre de la banque qui est entré il y a quarante ans, à 18 ans, qui a commencé au guichet», «le cadre de la métallurgie qui a commencé ouvrier». Et, plus encore, les femmes qui, ayant eu des enfants, ont pu ainsi accumuler des trimestres pour «avoir le droit de partir à 42 annuités» au lieu de 43 : le report de l’âge légal, «ça anéantit cet avantage».

Des grèves «saute-mouton»

Et alors, comment ça va se passer, maintenant ? Pour le 19 janvier, la mobilisation se prépare dans les unions départementales et régionales et dans plusieurs secteurs. On sait que certains, comme les transports ou l’énergie, pourraient fortement se mobiliser. Et, déjà, les syndicats ont prévu de se revoir le 19 janvier au soir pour parler de la suite. Un journaliste lance Philippe Martinez sur les grèves «saute-mouton», critiquées y compris au sein des bases syndicales : «Ce sont les salariés qui décident du mouton, de la vache ou du taureau. Demandez à un intérimaire ou un pigiste de faire une grève reconductible…» Pour l’heure, l’option n’est donc pas sur la table. «C’est comme le coup d’envoi d’un match de foot. Le 19 janvier, ce sera la cinquième minute», théorise Simon Duteil, porte-parole de Solidaires. En attendant, le responsable syndical veut croire que l’histoire des précédentes réformes, celles de 2003 ou 2010, qui étaient passées malgré des mobilisations massives, n’est pas condamnée à se répéter : «On sent que ce mouvement est très particulier. Notre boulot, c’est de faire passer les travailleurs de la colère à l’action.»

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