Réforme des retraites : gouvernement et syndicats anticipent une très forte mobilisation jeudi

Publié le 15 janv. 2023 à 18:16Mis à jour le 16 janv. 2023 à 11:49

Faire de la « pédagogie » pour « convaincre les Français »… A quelques jours de la première mobilisation intersyndicale contre sa réforme des retraites , le 19 janvier, la Première ministre, Elisabeth Borne, s’y est attachée pendant une heure samedi sur France Inter. Elle est notamment revenue sur l’obligation de justifier d’au moins 44 ans d’activité et non 43 pour les travailleurs ayant commencé à travailler tôt, un des sujets qui fait polémique. « C’est ceux auxquels on demande le moins de travailler plus longtemps », a-t-elle expliqué.

Le défi est conséquent pour l’exécutif : pour l’heure, l’opinion publique est massivement opposée à la réforme. Selon le sondage de l’Ifop publié ce dimanche par le « JDD », 68 % des Français s’y déclarent hostiles. Seuls 29 % approuvent le recul de l’âge légal de 62 à 64 ans et chez les actifs, le taux tombe même à 24 %.

Le succès de la pétition lancée par l’intersyndicale le 11 janvier, au lendemain des annonces d’Elisabeth Borne est un autre indicateur de l’ampleur de l’opposition au projet du gouvernement. Au bout de quatre jours, elle s’acheminait vers les 400.000 signatures.

Une jauge à 1 million

Dans ce contexte, la journée du 19 janvier devrait faire le plein. « Il y aura du monde dans la rue », a reconnu le ministre du Travail, Olivier Dussopt, dimanche lors de l’émission « Questions politiques » sur France Inter avec Franceinfo et « Le Monde ». « Ce sera une très, très forte mobilisation », a annoncé Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, sur France 3. Expliquant qu’il « fait tout pour » que plus de 1 million de Français défilent jeudi, le syndicaliste a fixé la jauge qui permettra de mesurer la réussite ou pas de l’initiative : « Il faut que ce soit du niveau de 1995, et même de 2010. »

Il y a douze ans, lors de la mobilisation contre le projet de Nicolas Sarkozy de relever de 60 à 62 ans l’âge légal de la retraite, le seuil de 1 million de personnes selon la police avait été dépassé quatre fois, avec un record à 1.230.000 selon la préfecture – et 3,5 millions selon les syndicats – le 12 octobre 2010.

Pour jeudi prochain, la CFDT a recensé près de 180 défilés, un chiffre qui devrait encore grossir, et à Paris, il est déjà question d’un itinéraire de délestage pour permettre à tout le monde de manifester. Les services d’ordre s’organisent aussi pour empêcher les intrusions des black blocks dans le cortège syndical, comme c’est régulièrement le cas depuis la loi El Khomri en 2016.

Nombreux mouvements de grève

La mobilisation de jeudi devrait s’accompagner de nombreux mouvements de grève. Ce sera à coup sûr un jeudi noir dans l’éducation et dans les transports . A la SNCF, un préavis unitaire a été déposé. L’intersyndicale composée de la CGT Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail et la CFDT Cheminots a déjà laissé entendre qu’il y aura une suite mais elle reste à préciser. Même scénario à la RATP, où CGT, CGC, FO et Unsa ont aussi appelé à une « journée de mobilisation », mais chacun de son côté.

De même, dans l’énergie, l’appel concerne pour l’instant le 19. « On impulse pour que ce soit la reconduction qui soit validée, mais ça reste les piquets de grève qui [décident] », a indiqué vendredi à l’AFP Claude Martin, secrétaire fédéral de la FNME-CGT. Seule la CGT Pétrole a déjà pris date pour la suite, appelant également à la grève le 26 janvier ainsi que le 6 février et faisant planer ainsi le spectre d’une nouvelle pénurie de carburant.

Au-delà de ces secteurs, le risque est là que le mécontentement ait un effet boule de neige. Retour de l’inflation, prix de l’énergie, insatisfaction sur les salaires, grèves de Noël… « Il y a tout une série d’irritants qui pèsent sur la société française », soulignait, il y a quelques jours le président d’Alixio, cabinet de conseil en ressources humaines, Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

Pression des collectifs

S’y ajoute la pression sur le climat social du développement de collectifs en marge des syndicats aux objectifs corporatistes et prêts à en découdre, comme on a pu le voir chez les contrôleurs de la SNCF. « On peut avoir une agrégation de mouvements qui n’ont pas grand-chose à voir entre eux », alerte Pierre Ferracci, le président du Groupe Alpha, expert auprès des comités sociaux et économiques.

« Si nous n’arrivons pas à nous faire entendre, nous appellerons à d’autres mobilisations », a averti dimanche le leader cédétiste Laurent Berger, dans « Ouest-France ». Une rencontre intersyndicale est prévue le 19 au soir sur le sujet. Mais la date d’une seconde journée d’action devrait être évoquée dès ce lundi.

Les syndicats jouent gros : « Le 19 va être très puissant, mais la vraie question est de savoir si ça va durer », souligne Pierre Ferracci. Sachant que le mouvement social qui démarre comporte une inconnue majeure : l’attitude de la jeunesse. Des AG sont prévues dans les universités. Mais se pose aussi la question de la mobilisation des jeunes actifs alors que le sondage Ifop-« JDD » montre que les moins de 35 ans sont parmi les plus hostiles à la réforme.

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