Réforme des retraites : contre les 65 ans, les syndicats renouent avec l’union sacrée

​De mémoire d’observateur, on n’avait pas constaté pareille union sacrée depuis très longtemps. Face au recul de l’âge de départ en retraite, CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires et FSU ont de concert brandi, lundi dans un communiqué commun, la menace de grèves et manifestations en janvier, et ce dès la deuxième quinzaine, « si le gouvernement demeure arc-bouté sur son projet ». L’intersyndicale se réunira jeudi, jour de la présentation de la réforme des retraites par la Première ministre, Élisabeth Borne , pour organiser sa riposte.
Cet hiver, les numéros un des cinq centrales pourraient donc bien défiler côte à côte, l’exécutif n’entendant pas renoncer à la mère de toutes les réformes. « C’est un projet validé par les Français lors de la présidentielle et débattu durant la campagne, rappelle Marc Ferracci, député Renaissance. Un gouvernement qui ne tient pas ses promesses n’en est pas un. » Et une réforme des retraites qui n’engendre pas son lot de cortèges dans la rue n’en est pas une…
Comme en 2010, lors du passage de l’âge de départ de 60 à 62 ans, centrales réformistes et contestataires s’allient pour dénoncer un nouveau report, à 65 ans cette fois. « Il est très rare que les syndicats fassent tous le même constat et répètent que c’est inadmissible, tempête Philippe ­Martinez , secrétaire général de la CGT. Ça devrait faire réfléchir le gouvernement. Mais non ! Emmanuel Macron n’a pas changé, il a une obsession dogmatique et veut prouver qu’il tient bon sur une réforme emblématique. »

Publicité

« Il n’y a rien à négocier, comme d’habitude »

Contrairement à l’époque de la réforme conduite par le gouvernement Fillon , le contexte interne aux centrales contribue à durcir leurs positions. Réélu en juin à la tête de la CFDT, Laurent Berger n’a pas de mandat pour accepter un énième allongement de la durée de vie active. Impossible donc pour Élisabeth Borne d’obtenir son soutien, contrairement à 2019, lors des débats sur la création d’un système universel. D’autant que, ayant prévenu qu’il quittera son poste avant son terme, le secrétaire général de la centrale réformiste n’a rien à perdre à se montrer ferme avec l’exécutif. Philippe Martinez, lui aussi, est sur le départ, qui passera le flambeau au printemps. Et après des mobilisations infructueuses sur le pouvoir d’achat, le cégétiste se verrait bien tirer sa révérence avec une fronde réussie sur les retraites.

La suite après cette publicité

Lire aussi – Comment l’âge de départ à la retraite est-il déterminé ?

La suite après cette publicité

Dans ces conditions, les choix du gouvernement alimentent la convergence des luttes. Pour amadouer la CFDT, il a lancé en octobre un cycle de discussions qui s’est achevé vendredi sur un constat d’échec. « Vous avez déjà vu des concertations qui servent à quelque chose ? raille Philippe Martinez. C’est de la communication ! » Laurent Berger n’en pense pas moins, « agacé » d’avoir été convoqué jeudi à Matignon alors que les échanges au ministère du Travail n’étaient pas terminés. Tout comme son homologue de la CFE-CGC : « Il n’y a rien à négocier, comme d’habitude », tance François Hommeril, le président.
Des mesures de compensation sont certes envisagées, comme la création d’un index senior, l’intégration du port de charges lourdes et des postures difficiles comme critères de pénibilité, ou la hausse du minimum contributif à 1 200 euros… Mais pas de quoi faire passer la pilule des 65 ans. « Techniquement, ça ne tient pas la route et, socialement, c’est injustifié », clame le leader de la CFE-CGC. Balayée également, l’option d’un passage à 64 ans envisagée par l’exécutif pour déminer les futurs blocages. « Que ce soit 65 ou 64 ans, c’est non, tranche Cyril Chabanier, président de la CFTC, qui propose une hausse des cotisations partagée entre employeurs et employés. On ne nie pas le déficit, mais il n’a pas à être comblé par les seuls salariés. » Le gouvernement n’envisageant pas le retrait de son projet, le conflit contre des syndicats unis devient une certitude. Ne lui reste plus qu’à parier sur son enlisement.

La chronique est produite du mieux possible. Vous avez l’opportunité d’envoyer un message aux coordonnées présentées sur notre site web afin d’apporter des détails sur ce contenu parlant du thème « Syndicat de l’éducation nationale ». Le site cftc-education.fr a pour finalité de créer plusieurs publications autour de la thématique Syndicat de l’éducation nationale publiées sur internet. cftc-education.fr vous propose de lire ce post autour du thème « Syndicat de l’éducation nationale ». Il y aura de nombreux autres articles sur le sujet « Syndicat de l’éducation nationale » dans quelques jours, on vous invite à visiter notre site internet aussi souvent que vous le pouvez.