“Nous sommes perdus” : les espoirs des syndicats douchés par le Medef sur le partage de la valeur

“Douche froide” 

Dans le document d’une vingtaine de pages, les organisations patronales rappelaient le principe de non-substitution entre salaires et épargne salariale et lâchaient du lest sur l’épargne salariale. Depuis, plus rien. “Nous avions cru fin janvier qu’un accord était accessible et le dialogue possible. La dernière réunion d’hier nous a fait l’effet d’une douche froide”, résume Luc Matthieu, secrétaire général CFDT. “Nous sommes complètement perdus, cette rencontre a semé le doute”, renchérit Karen Gournay, secrétaire confédérale FO. 

Les réunions achoppent toujours sur les mêmes questions. Sur les salaires, d’abord, même si  tous les syndicats n’affichent pas les mêmes lignes rouges. La CGT plaide pour une augmentation générale des salaires,  alors que la CFDT demande à ce que les négociations annuelles sur les salaires et quinquennales sur les classifications soient respectées. “Ce n’est pas respecté et cela conduit à un écrasement des classifications notamment en termes de salaire minimum. Le patronat ne dit pas un mot là-dessus”, s’exaspère Luc Matthieu. 

Une concession a toutefois été négociée sur le principe d’absence de “promotion blanche”, qui consiste à empêcher les promotions sans revalorisation salariale. Une mesure proposée par la CFE-CGC qui reste toutefois insuffisante aux yeux du syndicat des cadres. “C’est le minimum syndical. Il faut aller plus loin pour empêcher le tassement des grilles des minimas de salaires” confie Raphaëlle Bertholon, secrétaire nationale CFE-CGC. 

Les exonérations sociales, un “coup de canif” au système de protection sociale 

Autre dossier sur la table, la généralisation de la participation constitue toujours un obstacle majeur. Les syndicats demandent unanimement à ce que la participation soit généralisée aux entreprises de moins de 50 salariés. Aujourd’hui, ce levier consistant à reverser une part des bénéfices aux salariés n’est obligatoire que dans les sociétés de plus de 50 salariés. Dans son document de travail, le patronat prévoit de “faciliter l’obligation de la participation dans les entreprises de moins de 50 salariés”, mais écarte toute obligation. “S’il n’y a pas d’obligation, ça va être compliqué”, s’agace Luc Matthieu. 

Enfin, syndicats et patronat s’écharpent sur les exonérations sociales payées par les employeurs. Le Medef a proposé d’alléger le forfait social, une contribution patronale mise en place sur certaines rémunérations et versées par l’employeur. Aujourd’hui, l’intéressement et la participation sont soumises à un forfait social de 20%. Le patronat voudrait le réduire à 10%. “On ne peut pas se satisfaire d’une division par deux du forfait social”, fustige Karen Gournay, secrétaire confédérale FO. Une mesure également inenvisageable pour la CFDT: “S’ils ne reculent pas sur ce point là, on ne pourra pas signer!”, s’insurge Luc Matthieu. 

Pérenniser la prime de partage de la valeur 

Dans le sillage de leurs propositions sur le forfait social, le patronat souhaite aussi pérenniser la prime de partage de la valeur et même permettre l’octroi de plusieurs primes la même année. Défiscalisée et désocialisée, la prime de partage de la valeur contribue toutefois à fragiliser le système de protection sociale. “C’est dramatique. On nous bassine avec le déficit du système des retraites tout en continuant à promouvoir des exonérations qui portent un coup de canif à notre système de protection sociale”, grince Boris Plazzi, secrétaire confédéral de la CGT.

“Rien à gagner mais tout à perdre” 

Les négociateurs ne tarderont pas à être fixés sur l’issue des discussions. Mais certains, comme la CFTC ou la CFE-CGE veulent croire qu’un accord est encore possible. “Nous sommes rentrés dans le vif du sujet. Le patronat sera bien obligé d’adoucir sa position sur certains points”, prédit Raphaëlle Bertholon. 

Ce lundi, le patronat a martelé par la voix d’Hubert Mongon, négociateur du Medef que les organisations patronales n’avaient “rien à gagner” dans ces discussions… Rien à gagner, mais tout à perdre. Car accord ou pas, les parlementaires reprendront la main sur le dossier du partage de la valeur début février et planchent déjà sur des propositions. Parmi elles, le “dividende salarié”: cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron consisterait à instaurer le versement d’une prime dès lors qu’une société distribue des dividendes. Un dispositif auquel s’oppose fermement le Medef.

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