À Nantes, la CFDT a réussi son retour sur le terrain

Nantes (Loire-Atlantique), envoyée spéciale.

«S’il y a un report de l’âge légal de départ en retraite à 64 ou 65 ans, la CFDT se mobilisera pour contester cette réforme », avait prévenu, début janvier, Laurent Berger. Deux mois plus tard, ses troupes sont en mouvement. À Nantes, sur le parvis de la gare, à la croisée des trams, comme sur les lieux de vie et de travail du département, les « adhérents », comme ils s’appellent, s’activent. Un travail de terrain qu’il leur a fallu réapprendre. Depuis quelques années, l’activité syndicale des représentants élus des salariés s’est focalisée sur la vie de l’entreprise. Les mouvements sociaux étaient concentrés sur les salaires, les conditions de travail ou lors de plans sociaux, spécifie Odile Denis, coordinatrice au sein de la CFDT de la Loire-Atlantique. « Les manifestations ne faisaient plus partie de notre activité », confie Viviane, permanente en charge des droits des femmes. Si bien que les militants cédétistes avaient « perdu quelques réflexes », sourit, de son côté, le secrétaire général de la CFDT départementale, Éric Malo. Après deux manifestations, les « automatismes » sont revenus, annonce Matthias, permanent du syndicat, chargé de la formation.

Une base qui pousse

La vie militante a été aussi aménagée. En plus du conseil aux élus, les permanents ont consacré une partie de leur temps à la réussite des journées d’action inter­professionnelles. « Nous nous sommes réparti­ les rôles », développe Éric Malo, chargé des relations avec l’intersyndicale. Odile Denis est, quant à elle, responsable des initiatives. Cette dernière a également la lourde tâche d’œuvrer auprès des petites sections, nombreuses à la CFDT, composées d’un à quelques adhérents dans lesquelles « il est plus difficile de faire bouger les collègues, de s’affirmer face à l’employeur pour dire “je vais faire grève” ».

Anthony, dirigeant de la section syndicale du sous-traitant automobile Vibracoustic à Carquefou, à l’est de Nantes, a composé la semaine dernière le numéro de téléphone d’Odile pour organiser une action, hors de son usine, afin d’élargir la mobilisation. Quelques jours plus tard, bravant le froid, dès 7 heures du matin, Anthony, Karine, Yannick, avec quelques syndiqués d’autres sociétés, ont sorti leurs équipements militants pour se répartir les feux tricolores du carrefour menant aux sites industriels. Une initiative « incroyable », plébiscitée par les sourires et les coups de Klaxon des automobilistes matinaux. Des encouragements reçus cinq sur cinq par Yannick, élu CFDT d’une usine voisine, spécialiste des plastiques pour l’automobile : « Cela fait un bout de temps qu’on n’était pas sortis ! »

Cet ouvrier, qui compte les jours avant la retraite, n’a pas toujours été en accord avec les « hautes sphères » de son syndicat, battant plusieurs fois le pavé « sans étiquette » avec les autres organisations syndicales. Heureusement, Laurent Berger a été « poussé­ par sa base », juge-t-il. Et il est « impeccable ». Car, contre cette réforme si injuste, qui pénalise « en premier lieu les ouvriers, il n’est pas question de céder », martèle Yannick. À 59 ans, l’opérateur est dans un « sale état », les épaules et les poignets surtout.

Ne pas renier sa singularité

Cette nouvelle orientation a été plébiscitée lors du dernier congrès, en juin, explique Anthony. « Il y a une envie de montrer de l’orange autrement qu’à travers la réunion, en rendant visible une CFDT telle qu’elle est, abonde, de son côté, Matthias . Et pas comme certains la voient, “vendue aux patrons”. » D’autant que, « si Laurent Berger a durci le ton, c’est parce que le dialogue social n’est pas de haute qualité dans les entreprises, ni même au niveau du gouvernement, qui a du mal à avoir une écoute ». Mais cela ne signifie pas déserter la table des négociations, qui, soulignent-ils, donne des résultats. Ni de renier la singularité du syndicalisme cédétiste.

Cette identité, Karine compte bien la préserver. Elle pointe notamment la différence de contenus sur le sujet des retraites avec ses homologues de la CGT, mais aussi les modalités d’action. « Je ne suis pas pour couper l’électricité ni pour le blocage. » Dans sa section, une action « journée de la canne » pour les non-grévistes a été mise en place. L’objet en bois, bombé en orange, a été fabriqué par les militants pour que les salariés, notamment les non-grévistes, puissent signifier leur opposition au projet, en concertation avec le patron. Des « opérations de communication » qui permettront de peser encore sur l’opinion publique, et jugées plus efficaces pour faire reculer le gouvernement que la grève, selon la militante. « Les deux ne s’opposent pas », tranche, de son côté, Éric Malo, content que le rythme des « gros rendez-vous » se poursuive, en plus des débrayages décidés entreprise par entreprise. 

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