Depuis vendredi matin, le travail des femmes est gratuit

En dépit des apparences, ce vendredi 4 novembre n’était pas une journée ordinaire. Il marquerait la date à partir de laquelle les femmes ont commencé à travailler gratis d’après un collectif national. Une hypothèse à mettre en perspective avec les spécificités insulaires

Après le jour du dépassement des ressources annuelles de la Terre, le jour du dépassement de la création de richesse collective par le travail. Mais cette fois, c’est seulement sur les femmes que le couperet tombe.

À compter de vendredi 9 h 10 précises, les femmes ont commencé à travailler gratuitement. C’est ce que soutient le collectif féministe Les Glorieuses, tout en plaidant à travers une pétition en ligne pour une révision à la hausse des salaires notamment au sein des professions les plus féminisées. Entre autres.

Cette vision des choses très symbolique se fonde sur les inégalités salariales qui continuent à diviser les hommes et les femmes. Elle est aussi le produit d’un calcul dont le présupposé est une donnée statistique fournie par Eurostat : « Les femmes gagnent en moyenne 15,8 % de moins que les hommes en France. » La méthode fait ensuite référence à un nombre de jours ouvrés fixé à 253 et à des journées de sept heures. Dans la foulée, division, addition et soustraction permettront d’arriver au vendredi 4 novembre.

À l’échelon insulaire, les salariées pourraient bénéficier de quelques journées rémunératrices supplémentaires par rapport à leurs homologues continentales, si on se fie à la dernière étude sur le sujet réalisée par l’Insee Corse en collaboration avec la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité de Corse (DRDFE).

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Aux dires des partenaires, à temps de travail égal, globalement, les femmes gagnent en moyenne 12 € nets de l’heure contre 13,80 € pour les hommes, soit 13,3 % de moins. En allant plus loin dans l’analyse, on s’aperçoit « qu’à métiers et temps de travail égaux, les femmes gagnent encore 11,9 % de moins que les hommes« . « Plus on affine les profils et plus le différentiel se résorbe. Il ne s’agit pas de minimiser le phénomène pour autant », relève Vannina Saget, directrice régionale DRDFE.

Familles monoparentales

Une autre étape est franchie lorsqu’on « écarte les effets de structure ». Cette fois, « la différence de salaires entre femmes et hommes reste de moins 6,3 % sur l’île« , constatent les rédacteurs de l’étude.

Les disparités salariales homme/femme se resserrent plus ou moins selon les critères retenus mais demeurent néanmoins importantes. Sans doute parce qu’elles sont alimentées par un marché de l’emploi restreint par l’insularité. « Aujourd’hui, les femmes peuvent choisir leurs parcours dans l’emploi en fonction de 20 branches professionnelles. Alors que ce nombre passe à 34 pour les hommes« , note la directrice.

Certaines normes professionnelles sont aussi très ancrées. « Une majorité de travailleuses occupent des emplois dits de seconde ligne, dans le secteur du service à la personne, de la grande distribution par exemple. La crise sanitaire a mis en relief ces métiers. Une fois celle-ci passée, ils ont été oubliés, ou presque. Le monde d’après n’est pas advenu à cet égard », analyse Marie-Josée Salvatori, secrétaire générale CFDT Corsica.

En outre, ce sont les mêmes familles professionnelles moins rémunératrices que la moyenne qui recrutent et accueillent volontiers toujours plus de femmes. Dans cette configuration, selon la responsable syndicale, le plafond de verre serait plus difficile à briser qu’ailleurs, une situation paradoxale, « alors que les femmes au sortir de l’Université de Corse sont plus diplômées que les hommes ».

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Certains schémas ont la vie dure encore, même si les mentalités ont évolué au fil du temps. « La femme, lorsqu’elle réussit à franchir ces limites professionnelles, devra en faire toujours plus qu’un homme. Une femme ingénieure, par exemple, devra prouver qu’elle est ingénieure. Ce n’est pas le cas pour un homme », remarque la syndicaliste. Il y a l’égalité de principe et la réalité du terrain, ou plutôt, « l’esprit de la loi et l’application de la loi », poursuit-elle. Les femmes sur le marché du travail devront aussi compter, selon leur âge, avec les contraintes liées à la maternité, avec les problèmes de garde d’enfants et les périodes de travail à temps partiel. Certaines d’entre elles, bien souvent, sont, en plus, mères de famille monoparentale.

Dans le même temps, la Direction régionale aux droits des femmes met en œuvre dans son périmètre différents dispositifs ministériels favorisant l’égalité dans l’emploi. L’enjeu, selon Vannina Saget, est aussi de casser les représentations un peu trop genrées des métiers, de placer l’accent sur la motivation et les compétences de chacun et, surtout, d’inciter les plus jeunes à oser. Pour ne rien s’interdire sur le front de l’emploi.

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