Retraites : « Saint » Laurent Berger est-il piégé dans le front syndical


Laurent Berger

© AFP – Christophe ARCHAMBAULT Laurent Berger

EDITORIAL. Enchaînant les plateaux télévisés, comme le très couru « Quelle Epoque » de France 2, le leader de la CFDT façonne son image consensuel sans avancer le moindre compromis.

On s’arrache Laurent Berger. En prélude à la semaine décisive sur la réforme des retraites, avec ce qui ressemble à la dernière mobilisation jeudi et la décision du Conseil constitutionnel vendredi, le secrétaire général de la CFDT a enchaîné les rendez-vous télévisuels : plateaux de BFM, C à vous, LCI, sans compter une apparition aussi rafraîchissante qu’inattendue, passé minuit, dans Quelle époque, le talk du week-end de Léa Salamé sur France 2.

Il faut dire qu’au royaume de l’invective, la voix posée du leader syndical, qui n’a de cesse de condamner les dérapages des Insoumis à l’Assemblée nationale et les violences des « dingues » dans les manifestations, devient parole d’Evangile. Florilèges : « je n’ai pas de ressentiment contre Emmanuel Macron », « le parlement est légitime », « tout cela n’est pas une guerre », « il faudra évidemment tourner la page », « le 49-3 c’est légal ». Autant de propos qui donnent de la force à son opposition sans faille au projet du gouvernement. Et qui relativisent son embardée sur la « crise démocratique », plus une alerte sur les risques à laisser prospérer le vote pour le Rassemblement national qu’une remise en cause du régime.

Il ne lâche rien sur le fond

Cette position sage fait-elle de Laurent Berger le saint homme dont tous les médias bien-pensants dressent le portrait ? Pas vraiment. En réalité, le syndicaliste à la belle sincérité ne lâche rien sur le fond. Et Emmanuel Macron n’avait pas tort de souligner que la CFDT n’a laissé entrevoir aucune forme de compromis.

Enfermé dans son mandat de ne rien abandonner sur l’âge légal et la durée de cotisation, le leader si apprécié rabâche comme symbole d’ouverture un retour à « la retraite à points », pourtant une « usine à gaz » de l’aveu même de ses plus farouches partisans – les économistes de Challenges Jean Tirole et Philippe Aghion. Ce dernier estime qu’un accord autour de 63 ans eut été possible avec la CFDT, sans que son patron n’esquisse le moindre mouvement dans ce sens, et sans qu’il ne donne crédit au gouvernement du repli vers 64 ans ou des multiples aménagements, sur les carrières longues par exemple.

« L’intersyndicale, un piège »

« La vérité, c’est que l’Intersyndicale est un piège, car le premier qui en sort est un traître », analyse justement un leader patronal, rompu à l’exercice. Et proposer une « pause » ou une « médiation », est une manière habile de ne pas se compromettre en gardant son visage d’ange.

Elisabeth Borne ne s’y est pas trompée, y compris après son couplet sur les syndicats qu’il ne fallait pas « humilier » : « Avec 3 000 milliards de dettes dans un moment où les taux remontent, nous devons être particulièrement vigilants. » Façon de rappeler qu’il faut garder le cap des réformes, ajoutant, toujours dans Le Parisien, « regardez ce qui s’est passé en Grande-Bretagne », où Liz Truss a dû démissionner, après avoir baissé la garde. Car les marchés, eux, ne sont pas du genre à se payer de mots, fussent-ils doux.

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