Retraites : ce qu’Élisabeth Borne et les syndicats attendent de leur rencontre de mercredi

Nous aurons très vite à continuer à discuter et à travailler ensemble. » Le 18 mars, auprès du JDD, le ministre du Travail Olivier Dussopt tentait déjà de se projeter sur la suite de la réforme des retraites. Deux semaines et demie plus tard, l’exécutif a rendez-vous avec les organisations syndicales. Une rencontre entre Élisabeth Borne et les représentants de l’intersyndicale est prévue mercredi, à 10 heures. Ce sera la première entrevue depuis la présentation de la réforme des retraites, le 10 janvier dernier. Elle est organisée à la veille d’une onzième journée de mobilisation sociale, jeudi.

Pour le gouvernement, l’objectif de cette réunion est surtout de tenter d’apaiser les tensions existantes avec les partenaires sociaux. Élisabeth Borne joue particulièrement gros. En sursis depuis l’utilisation de l’article 49-3, la Première ministre doit démontrer qu’elle peut renouer le dialogue. Dans ce contexte tendu, le simple fait que cette rencontre ait lieu est déjà une petite victoire pour l’exécutif.

Le fil du dialogue social va-t-il pour autant reprendre mercredi ? Ce n’est pas certain. L’exécutif souhaite notamment parler des conditions de travail, alors que les syndicats veulent avant tout évoquer les retraites. « Nous avons entendu la demande de l’intersyndicale d’être reçue, de pouvoir travailler, discuter, dialoguer et ça tombe bien car nous sommes, côté gouvernement, dans cette volonté de dialogue, d’écoute et de travail en commun », a déclaré ce mardi Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement.

Pour le gouvernement, l’enjeu n’est pas de convaincre les syndicats d’arrêter la mobilisation contre la réforme, alors que l’intersyndicale entend poursuivre la contestation au moins jusqu’à la décision du Conseil constitutionnel, le 14 avril. Il s’agit surtout d’afficher l’image d’une majorité prête à « avancer » et à « dialoguer », selon Olivier Véran, après plusieurs mois sans échange direct.

Le 18 mars, Olivier Dussopt estimait que la confiance n’était pas rompue avec les syndicats. Tout en ne niant pas les difficultés. « C’est une évidence, il y aura un avant et un après. Il ne s’agit pas de dire : on efface tout et on recommence. Mais il y a d’autres sujets sur lesquels nous pouvons avancer », voulait croire le ministre du Travail dans nos colonnes.

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… et échanger avec eux sur différents sujets

Olivier Dussopt avait dressé une liste des sujets sur lesquels les discussions pouvaient porter : le partage de la valeur, la gouvernance de l’assurance chômage, le compte épargne-temps universel ou encore les suites des Assises du travail. « Ce sont autant d’avancées importantes pour les salariés qui devront se mettre en place progressivement », affirmait-il.

Vendredi dernier sur Europe 1, le ministre du Travail a ajouté d’autres « sujets sur lesquels nous pouvons certainement avancer, que ce soit par ce texte ou par d’autres vecteurs : le déroulement des carrières et la gestion du temps à l’échelle d’une carrière ». Ces thèmes seront abordés au travers de la loi sur l’emploi et le travail qui devrait être présentée dans quelques semaines en Conseil des ministres.

Une première lecture de ce texte pourrait avoir lieu au Parlement « d’ici l’été » selon Olivier Dussopt. Ce nouveau projet de loi sur le travail est censé permettre de remplir « l’objectif de plein-emploi » fixé par Emmanuel Macron le 22 mars lors de son interview sur TF1 et France 2. La forme n’est toutefois pas totalement arrêtée. Il pourrait même y avoir plusieurs textes présentés, fait savoir Matignon auprès du Monde.

Ces nombreuses mesures feront l’objet de discussions entre partenaires sociaux. L’accueil des syndicats sera donc scruté de près. « Les Français attendent de nous que l’on soit dans cette recherche du consensus afin de pouvoir avancer concrètement pour améliorer les conditions de travail de l’ensemble des salariés », a avancé ce mardi Olivier Véran, citant « les fins de carrière », les « petits revenus », « l’organisation du travail » et « la qualité de vie au travail ».

Le gouvernement, attendu sur la question du partage de la valeur, pourrait choisir de retranscrire fidèlement et rapidement l’accord national interprofessionnel conclu entre les organisations patronales et syndicales en février 2023 sur le partage de la valeur, un accord que la CGT n’a toutefois pas signé. Comme le note Le Monde, si le vecteur législatif n’est pas encore arrêté, il se pourrait que ce soit à travers une proposition de loi présentée par le député Renaissance de Saône-et-Loire Louis Margueritte.

Mais la CGT menace de quitter rapidement la réunion

La rencontre de mercredi entre l’exécutif et les syndicats devrait donner le ton des prochains échanges entre les deux parties. Cette entrevue pourrait toutefois être de courte durée, tant les divergences sont fortes. « Nous irons, toute l’intersyndicale, unie, pour exiger le retrait de cette réforme de façon ferme, déterminée », avait annoncé vendredi la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. La participation ou non de la CGT à la réunion avec la Première ministre était un sujet de discussions internes. Mais c’est donc finalement la ligne d’un maintien de l’unité de l’intersyndicale qui l’a emporté, la CFDT souhaitant participer au rendez-vous.

« Nous ne lâcherons rien, il n’y aura pas de trêve, il n’y aura pas de suspension, il n’y aura pas de médiation » concernant le projet de loi, avait-elle cependant prévenu, écartant ainsi les propositions faites au nom de l’intersyndicale par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. « On prend un mois et demi où on dit ‘les 64 ans ça ne s’appliquera pas’ et on fait de la médiation. Et ensuite on se met autour de la table et on regarde la question du travail, des retraites, sur quoi il peut y avoir ou pas un compromis social », avait affirmé le 28 mars le numéro un de la CFDT, sur France Inter.

Sophie Binet a réaffirmé lundi ne pas croire à la pause sur la réforme« Quand on suspend, c’est qu’on retire, c’est ce qui s’est passé avec le CPE. Il n’y a pas d’autre sortie de crise que le retrait de cette réforme », a-t-elle souligné, se disant « convaincue que cette réforme ne s’appliquera jamais ».

La nouvelle numéro un de la CGT affiche sa volonté de maintenir l’unité de l’intersyndicale, qui a permis jusqu’à présent aux syndicats d’être sur la même ligne. L’intersyndicale « ne lâche jamais », a-t-elle insisté. « Pourquoi ? Parce que toutes les organisations syndicales sont unies par la même détermination à gagner. »

Mais cette unité pourrait se fissurer mercredi. Sophie Binet a dit « attendre de cette rencontre le retrait de la réforme des retraites ». L’exécutif, lui, reste intransigeant sur le report à 64 ans de l’âge légal de départ. Si la réponse du gouvernement est non, « le rendez-vous risque d’être très rapide », prévient la dirigeante de la CGT. De son côté, Laurent Berger avait annoncé la semaine dernière que si l’exécutif refusait de parler des 64 ans, « on partira », sans toutefois menacer de claquer la porte de la réunion si le gouvernement ne veut pas entendre parler de retrait de la réforme.

Soucieux d’éviter l’image de syndicats quittant rapidement la réunion, le gouvernement a indiqué qu’il ne s’opposerait pas à ce que la question des retraites soit abordée au cours de la réunion. « Personne n’interdira à personne de parler de quoi que ce soit », y compris les retraites, a affirmé Olivier Dussopt vendredi. Pour préparer la réunion de mercredi et tenter de s’accorder sur une stratégie commune, les représentants de l’intersyndicale se sont réunis ce mardi après-midi à Paris, au siège de la CFDT.

« Cela s’est déroulé dans une très bonne ambiance. L’intersyndicale est bien unie, soudée. C’est rassurant, rien n’a changé », a commenté l’un des participants sous couvert d’anonymat à l’AFP. « Demain le gouvernement qui veut tourner la page va voir qu’on ne veut pas tourner la page », a déclaré cette source. Pas question donc de changer de stratégie : « Nous allons redire à la Première ministre notre opposition aux 64 ans, lui demander de ne pas appliquer ce texte et de lancer un dialogue social sur le travail et les retraites », a expliqué le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau.

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