Rencontres Sciences Po/Sud Ouest. Laurent Berger (CFDT), un apôtre des compromis nécessaires

Il n’aime guère le mot « réformiste » qui semble…

Il n’aime guère le mot « réformiste » qui semble mou, alors que la négociation sociale est basée, il le sait, sur le rapport de force. « Mais cela ne se résume pas à la grève et aux manifs, car quand la logique de l’affrontement va au bout, ce sont rarement les travailleurs qui gagnent. À la CFDT, notre boussole est la qualité des propositions et l’intérêt du salarié », expose Laurent Berger qui, depuis dix ans, dirige le premier syndicat français en adhérents (610 000) cumulés privé/public.

Laurent Berger : « Inutile d’entrer en négociation si vous n’avez rien à donner. »
Laurent Berger : « Inutile d’entrer en négociation si vous n’avez rien à donner. »

Jean Maurice Chacun/ « SUD OUEST »

« J’aime négocier », affirme-t-il. Mais avec un principe : « Il est inutile de rentrer en négociation si vous n’avez rien à donner. » Car il en est convaincu : « Il faut intégrer la complexité des problèmes et toujours rechercher des compromis. » Cette position constante de la CFDT n’est pas facile à tenir dans le climat actuel où la radicalité, le simplisme et la recherche de boucs émissaires tiennent le haut du pavé. Mais Berger assume ce positionnement.

« Pas de guerre avec la CGT »

Interrogé sur la rivalité avec la CGT, il tempère pourtant : « Nous portons deux héritages différents, contestation à la CGT, négociation collective chez nous ; mais les relations intersyndicales ne sont pas la guerre. Philippe Martinez et moi nous nous entendons bien, malgré des désaccords. » Et lorsqu’on suggère qu’il serait complaisant avec Emmanuel Macron, il balaie : « Je suis un homme de progrès social, et quand le Rassemblement national, le seul adversaire de la CFDT, est au second tour des élections, nous n’avons pas de fausse pudeur à nous servir du bulletin Macron. »

« La rivalité syndicale, ce n’est pas la guerre, et nous nous entendons bien avec Philippe Martinez », a expliqué Laurent Berger aux étudiants de Sciences Po Bordeaux et au modérateur de « Sud Ouest », Jefferson Desport.
« La rivalité syndicale, ce n’est pas la guerre, et nous nous entendons bien avec Philippe Martinez », a expliqué Laurent Berger aux étudiants de Sciences Po Bordeaux et au modérateur de « Sud Ouest », Jefferson Desport.

Jean-Maurice Chacun/ « SUD OUEST »

« Pas sectaire », Berger puise sa modération dans l’héritage « catho de gauche » d’une famille modeste et unie de Saint-Nazaire. « Je suis le produit de l’amour parental et de l’éducation populaire », résume ce fils d’un ouvrier et d’une fonctionnaire, entré en syndicalisme par la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne), le pionnicat puis son métier de conseiller en insertion. Grand lecteur, il a puisé chez Albert Camus « le sens de l’équilibre et la préférence de l’expérience humaine sur les théories ».

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Les droits des « ubérisés »

Même si le taux de syndicalisation des Français (11 %) est « trop bas », il y voit l’effet « de l’éclatement du monde du travail et de la désindustrialisation », mais ne désespère pas de toucher les agents du monde « ubérisé ». « Nous sommes en train d’organiser des travailleurs indépendants qui ne sont pas salariés et ne réclament pas de l’être, mais qui ont droit à de justes rémunérations ». Berger agit aussi à la Confédération européenne des syndicats qu’il préside depuis 2019 : « un combat compliqué pour définir des droits européens à partir de modèles très différents ».

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