Réforme des retraites: quelle stratégie vont adopter les syndicats pour la suite de la mobilisation?

En pleines vacances scolaires, les organisations syndicales sont confrontées à un dilemme quant à la suite à donner à la contestation contre la réforme des retraites: durcir le mouvement dès maintenant ou attendre la fin des congés.

Et si l’heure de vérité survenait dès demain pour les syndicats? Après un léger repli de la participation mardi par rapport aux 19 et 31 janvier, l’intersyndicale souhaite rassembler un grand nombre de manifestants dans les rues du pays pour la quatrième journée de mobilisation demain. Avant la cinquième date annoncée pour le jeudi 16 février, le choix d’un samedi est censé permettre à des personnes qui ne peuvent pas faire grève en semaine de prendre part aux différents cortèges pour une manifestation de grande ampleur.

Pour les organisations syndicales, il s’agit donc de relancer la machine mais cette semaine, plusieurs voix se sont déjà élevées pour envisager un durcissement de la mobilisation alors que le gouvernement ne semble pas prêt à reculer sur son projet de réforme des retraites. C’est notamment le cas du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez qui abondait en ce sens avant le départ de la manifestation parisienne mardi. Des délégués syndicaux de Sud-Rail se sont également exprimés en ce sens avant que l’intersyndicale n’évoque officiellement mercredi, par voie de communiqué, une grève reconductible menée au retour des vacances. Une piste à laquelle vient de souscrire la CGT-Cheminots mentionnant la date du mardi 7 mars pour entamer l’opération.

Le vote du texte, un point de bascule

Pourquoi une échéance aussi lointaine? En raison du contexte de vacances scolaires qui explique déjà en partie le recul de la mobilisation observée le 7 février.

« L’intersyndicale a une énorme arme qui est le soutien public, rappelle Xavier Crettiez, professeur agrégé de science politique à l’université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines. Si les syndicats se mettent à faire des grèves des transports au moment des départs en vacances, le soutien de l’opinion publique risque de décroître. » Le chercheur insiste également sur la nécessité de conserver l’unité syndicale:

« Si certaines centrales comme la CGT ou Sud seraient partantes pour des actions plus dures, elles ne peuvent pas se couper du soutien de la CFDT qui est un syndicat plus conformiste. »

Plus que le retour des vacances scolaires, la véritable date charnière pourrait être le vote du texte qui devrait survenir avant le printemps. « La contestation dans la rue se fait en écho avec une contestation dans l’Assemblée nationale et notamment la stratégie d’obstruction de la Nupes pour ralentir le vote du texte, observe Xavier Crettiez. Il y a un jeu qui s’opère de manière parallèle entre la rue et l’Assemblée et cet effet ciseaux n’existait pas en 1995, 2016 ou 2019. »

Une transition vers des actions coup de poing

Partant du postulat que le texte sera sûrement voté moyennant des concessions de la majorité requêtes des Républicains, le professeur agrégé de science politique estime que la contestation deviendra alors plus compliqué. « La CFDT est un syndicat légaliste et il est probable qu’elle jette les armes si la réforme des retraites passe, indique-t-il. Etant le plus grand syndicat de France, elle affaiblirait le mouvement contestataire si elle lâchaît la lutte. »

Dès lors, les syndicats plus virulents comme la CGT ou Sud pourrait y voir l’occasion de définitivement s’orienter vers des actions « coup de poing », une tentation renforcée par le contexte économique dans lequel la forte inflation accentue le poids du salaire perdu lorsqu’un travailleur se met en grève ou manifeste.

« Ce qui pourrait se produire est un glissement vers des répertoires d’actions propres aux nouveaux mouvements sociaux, typiquement avec des opérations Robin des Bois qui ont une visibilité médiatique, souligne Xavier Crettiez. Certaines organisations aimeraient passer des maintenant à ce type d’action mais la CFDT les freine. »

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Pour le chercheur, c’est aussi la hiérarchie des organisations syndicales françaises qui se joue à l’issue de cette mobilisation contre la réforme des retraites qui semble les avoir, au moins provisoirement, réhabilitées: « Laquelle va paraître comme le syndicat qui incarne le plus la volonté des travailleurs? Pendant longtemps, la CGT a été la première centrale de France et elle vit mal le fait d’avoir été dépassée par la CFDT. »

Timothée Talbi

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