« Populiste », « violente »… La réforme de l’assurance-chômage étrillée par les syndicats

Les syndicats font front commun pour dénoncer la nouvelle réforme durcissant les règles de l’assurance chômage.

Le nouveau tour de vis du gouvernement sur l’assurance chômage provoque sans surprise la colère des syndicats dénonçant tant la forme que le contenu et les objectifs de la réforme présentée par Gabriel Attal, qui campe lui une posture de responsabilité.

Durée d’indemnisation réduite à 15 mois, nécessité d’avoir travaillé huit mois sur les derniers 20 mois pour être indemnisé, contre six aujourd’hui, « bonus emploi senior »: les modalités du durcissement des règles pour bénéficier de l’assurance chômage dévoilées par le Premier ministre dans une interview à la Tribune Dimanche ont gonflé le courroux des syndicats.

« Réforme populiste »

La ministre du Travail, Catherine Vautrin, qui avait rencontré en milieu de semaine les organisations syndicales, avait déjà levé le voile sur les projets de l’exécutif. « C’est une réforme populiste », a cinglé dimanche le secrétaire général des cadres de la CFE-CGC François Hommeril sur RMC, accusant le gouvernement de mentir pour « faire les poches » des salariés en stigmatisant les chômeurs. Même son de cloche du côté de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, qui a dénoncé « la réforme de l’assurance-chômage la plus violente » des dernières années, « qui va pénaliser absolument tout le monde ».

« C’est le pire durcissement des conditions d’indemnisation qui soit mis en oeuvre depuis toujours. Quand les partenaires sociaux avaient la main, il fallait avoir travaillé quatre mois dans les 28 mois, et là on passe à huit mois dans 20 », relève Michel Beaugas de FO auprès de l’AFP. « Ca va faire baisser de plus de 15% les demandeurs d’emploi qui entreront dans l’indemnisation chômage, c’est-à-dire qu’on va laisser dans la précarité et la pauvreté des demandeurs d’emploi précaires déjà », a-t-il ajouté.

« C’est une réforme qui est difficile, j’assume », a déclaré Gabriel Attal en marge d’un déplacement à Etréchy (Essonne) dans le cadre de la campagne des européennes. « Ne pas attendre les élections pour annoncer des choses, c’est être clair et transparent. (…) Je vois bien qu’en face il y a un axe, d’un côté Jean-Luc Mélenchon, de l’autre Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui ne veulent rien toucher, rien bouger », a poursuivi le chef du gouvernement.

Les Experts : Assurance chômage, la réforme se précise - 23/05
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« Une politique budgétaire »

Dans l’entretien accordé à la Tribune Dimanche, Gabriel Attal a déclaré que cette troisième réforme de l’assurance chômage depuis 2017 était la condition sine qua non « pour aller vers le plein emploi ». « A chaque fois que l’on a eu des réformes autour du travail depuis 2017, elles ont rencontré des oppositions : assurance chômage, ordonnances travail, apprentissage, formation professionnelle… mais elles ont porté leurs fruits », a justifié le Premier ministre.

« Ce n’est pas une politique d’incitation au retour à l’emploi, c’est une politique budgétaire », a réagi auprès à l’AFP Olivier Guivarch, négociateur sur l’assurance chômage de la CFDT. Comme les autres syndicats, la CFDT fustige l’objectif d’économies de 3,6 milliards d’euros envisagées grâce à cette réforme, la première centrale syndicale les jugeant même probablement sous-évaluées. « On pense qu’on est au-delà des 4 milliards (d’euros) », a avancé Olivier Guivarch.

« C’est nous prendre pour des abrutis »

En pleine campagne des européennes, la gauche a embrayé sur les critiques syndicales. Gabriel Attal « veut venir piquer de l’argent sur les cotisations pour venir abonder les problèmes de déficit de l’Etat », a fustigé Manuel Bompard, coordinateur national de LFI invité du rendez-vous politique de Cnews/Europe 1/les Echos.

« On nous explique aujourd’hui que c’est une mesure incitative pour relancer l’emploi, alors que la même mesure était présentée comme une nouvelle source d’économies absolument miraculeuse, il y a quelques semaines, c’est nous prendre pour des abrutis », a pointé la tête de liste PS-Place publique Raphaël Glucksmann sur LCI.

A La Tribune Dimanche, Gabriel Attal a précisé que le gouvernement allait prendre un décret le 1er juillet pour que la réforme « puisse entrer en vigueur le 1er décembre ». « On va attendre le décret (…) parce qu’on risque encore d’avoir des surprises », a souligné Michel Beaugas pour FO qui promet d’attaquer le futur texte devant le Conseil d’Etat.

P.L. avec AFP

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