Ouverture à la concurrence des trains en Normandie : le projet inquiète les syndicats

Ils étaient quelques dizaines à manifester, lundi 17 octobre 2022, devant l'Hôtel de Région, à Rouen (Seine-Maritime), contre le projet d'ouverture à la concurrence des trains normands.
Ils étaient quelques dizaines à manifester, lundi 17 octobre 2022, devant l’Hôtel de Région, à Rouen (Seine-Maritime), contre le projet d’ouverture à la concurrence des trains normands. (©VL/76actu)

« Hervé Morin se dit amoureux du rail mais ça ne se voit pas dans les gestes », persifle Mathieu Vilela, secrétaire générale adjoint secteur CGT cheminots Normandie. Sous la grisaille matinale, ils sont quelques dizaines rassemblés devant l’Hôtel de Région, à Rouen (Seine-Maritime), lundi 17 octobre 2022.

Répondant à une démarche unitaire des syndicats CGT, Unsa, Sud Rail, CFDT et FO, associés à SOS Gares et au Comité de vigilance ferroviaire Normandie, les manifestants s’opposent à l’ouverture à la concurrence des trains normands sur laquelle doit délibérer le Conseil régional réuni en séance plénière ce lundi.

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« L’étoile de Caen », première concernée

« Cette stratégie va se découper en cinq lots et le premier qui sera concerné sera l’étoile de Caen avec une ouverture en 2027, indique le président de Région Hervé Morin, dans son discours devant les conseillers régionaux. L’ensemble du réseau normand sera ouvert en décembre 2029 avec des lancements d’appel d’offres échelonnés. Il s’agit d’une stratégie progressive qui vise à permettre, tant à la Région qu’aux opérateurs futurs, d’opérer avec succès ce changement majeur dans notre modèle ferroviaire. »

Un service plus cher et moins performant ?

Un changement qui inquiète les cheminots mobilisés devant le siège du Conseil régional. « Partout où l’ouverture à la concurrence a été faite, il y a une augmentation du coût pour les usagers et une dégradation du service », dénonce Jonathan Jarrige, secrétaire général CFDT cheminots Normandie, en prenant exemple sur le fret ferroviaire : « C’était encore une activité rentable dans les années 80-90, avec un seul opérateur intégré. Aujourd’hui, aucune entreprise du secteur ne dégage de bénéfice et le nombre de cheminots est passé de 50 000 à moins de 5 000. »

Pour le syndicaliste CFDT, « on tire une balle en plein cœur du réseau. L’étoile de Caen, c’est un des meilleurs TER de France, dans le top 3 en matière de ponctualité et de qualité du service client. »

« Quand on découpe le marché en lots, il n’y a plus de synergie possible, explique Mathieu Vilela. Chaque opérateur aura son pool de conducteurs, il n’y aura plus d’entraide pour faire fonctionner le réseau. »

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Avis contraire du Ceser

Le représentant de la CGT rappelle par ailleurs que le Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional), sollicité par la Région à ce sujet, « a voté à l’unanimité un avis opposé à l’ouverture à la concurrence, pour des questions financières, de complexification du réseau et de dégradation du service rendu. Un tel avis devrait mettre le doute dans la tête des conseillers régionaux ! »

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S’il reconnaît les efforts de la Région en matière de renouvellement et d’entretien du matériel roulant (avec le déploiement des Omneo et le technicentre de Sotteville-lès-Rouen), Mathieu Vilela regrette « des investissements insuffisants dans les infrastructures. Cela revient à faire rouler des Ferrari sur des routes de campagne ! »

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« Que l’État prenne ses responsabilités »

Autre grief : la réduction du plan de transport décidé en mars dernier par l’exécutif régional sur les lignes entre la Normandie et Paris. « On réduit l’offre de trains du quotidien alors que beaucoup de personnes ne peuvent plus utiliser leurs voitures pour se rendre à Rouen à cause de la ZFE », déplore le syndicaliste CGT.

Et Mathieu Vilela de réclamer « le maintien d’un système ferroviaire intégré, adossé à des investissements dans le service public. Il faut que l’État prenne ses responsabilités : le dernier contrat signé avec SNCF Réseau prévoit 300 millions d’euros supplémentaires par an alors qu’il en faudrait 10 milliards, comme le dit Jean-Pierre Farandou [le patron de la SNCF, NDLR]. »

À noter qu’une délégation de manifestants a été reçue par Hervé Morin en amont de la séance plénière.

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