« Le bordel pour le bordel, ça n’a jamais servi à personne » : estime Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT

La CFDT n’appelle pas à la grève pour la journée de mardi 18 octobre. Son secrétaire général Laurent Berger s’en explique et précise les grands axes de la stratégie syndicale de sa confédération.

La CFDT ne se mobilise pas pour la journée de grève de ce mardi. Pourquoi ce choix ?

Je ne suis en opposition avec personne, chacun poursuit sa stratégie syndicale. Mais la CFDT est aujourd’hui clairement mobilisée sur les questions de pouvoir d’achat, de revalorisation salariale dans les entreprises. C’est le cas de mouvements qui ont déjà eu lieu, nous sommes mobilisés sur ces questions-là, comme les autres.

Mais notre stratégie syndicale n’est pas de faire croire que l’on va régler ces sujets-là en faisant une manifestation interprofessionnelle. Il faut aller, entreprise par entreprise, secteur professionnel par secteur professionnel, branche par branche, demander des augmentations salariales.

On se bat aussi pour que les 20 000 agents de l’hôpital public qui n’ont pas obtenu de revalorisation salariale avec le Ségur puissent en bénéficier. Parce que ce sont des ouvriers, des agents administratifs…

À Total, vous avez signé un accord…

La CFDT assume sa signature à Total. On a signé un accord avec une augmentation salariale de 7 %, une prime dont le plancher est fixé à 3 000 €. Voilà, les militants ont fait le job. Je ne me positionne pas par rapport aux mobilisations des autres. La CFDT est à l’offensive sur les questions salariales depuis le début du phénomène inflationniste. On obtient des avancées secteur professionnel par secteur professionnel.

Quelques exemples : dans la branche du froid, on a permis une augmentation salariale à 6,08 %, dans le recyclage, la dernière négociation était à 4,5 % et, sur l’ensemble de la grille, ça représente une augmentation des minima de 7 % en 2022. Dans l’agroalimentaire, dans le bois, c’est + 8 %, dans le sucre c’est + 5 %. Il y a des travailleurs dans toutes un tas d’entreprises qui méritent qu’on s’occupe d’eux. C’est le boulot que fait la CFDT.

Vous revendiquez une forme de pragmatisme, d’efficacité ?

La négociation, la qualité des propositions salariales, l’ambition d’avoir de vraies augmentations, l’entrée en négociations, qui est un élément du rapport de forces, la capacité à mener le rapport de forces par d’autres éléments que la négociation si ça ne joue pas le jeu en face, la capacité à s’engager pour des résultats : ce que nous demandent les travailleurs aujourd’hui, ce n’est pas de faire du témoignage sur ce qu’ils vivent, c’est d’obtenir des solutions.

Votre méthode prioritaire reste la culture de la négociation ?

Il faut arrêter de croire que la négociation est quelque chose de tiède. Il faut aller les chercher les augmentations, c’est beaucoup de travail, de capacité d’engagement dans le compromis.

Mais il y a besoin d‘appuyer régulièrement cet exercice de la négociation par un rapport de forces, tel que le débrayage, la grève. Quand c’est nécessaire, la CFDT n’hésite pas à y recourir quand c’est nécessaire, pas pour une démonstration de présence.

La qualité et les résultats de l’action syndicale, ça ne se mesure pas à l’emmerdement que vous causez à la population. Mais aux résultats que vous obtenez pour les travailleurs.

Que vous inspire le fait que des partis politiques appellent à la grève générale ?

Qu’ils fassent leur boulot, ce n’est pas le leur d’appeler à la grève générale. Chacun son boulot ! Mais plus largement, la période est compliquée, c’est tendu. Je crois que le rôle des uns et des autres, est de se battre pour la justice sociale, pour une meilleure reconnaissance des travailleurs, et pas de mettre le bordel. Le bordel pour le bordel, ça n’a jamais servi à personne, si ce n’est, potentiellement, le Rassemblement national.

Vous opposez-vous aux réquisitions dans les raffineries ?

Moi, je crains l’escalade. Je n’ai pas la responsabilité du fonctionnement de ce pays. Mais il faut que les ambulances et les transports scolaires fonctionnent, que les gens puissent se rendre à leur travail. Faire en sorte que ça s’arrête vite.

Je suis attaché au droit de grève, c’est un droit constitutionnel, mais les réquisitions peuvent entraîner un risque d’escalade. Et à chaque fois, vous trouverez la CFDT pour dire qu’il vaut mieux le dialogue que de hausser le ton de chaque côté.

Et je souhaite que le gouvernement ne hausse pas le ton de façon inconsidérée. Les réquisitions, c’est de sa responsabilité. Après, beaucoup de salariés nous disent que ça devient galère pour eux.

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