ÉDITO – Syndicats : comment l’Allemagne a développé un modèle bien différent du nôtre

La CGT vient d’élire Sophie Binet à sa tête, ce qui présage de positions toujours aussi fortes dans la lutte menée par le syndicat contre gouvernement, sur la réforme des retraites. La CFDT a également durci sa ligne lors de son dernier Congrès. Mais de l’autre côté du Rhin, l’Allemagne a prouvé qu’un fonctionnement différent était possible en développant un tout autre modèle de dialogue social.

Un modèle qui s’est illustré récemment avec une grève d’un seul jour, massive mais ponctuelle, pour l’augmentation des salaires. Au moment même où la France n’en finit pas de son mouvement social contre la réforme des retraites, qui perturbait les transports, l’approvisionnement en essence, l’école, depuis des semaines. Pas question en Allemagne de perturber la vie quotidienne et l’économie, alors que chez nous la CGT en appelle à bloquer le pays.

La grande différence, c’est le rôle que joue l’État. En Allemagne, l’état fédéral n’intervient pas dans les affaires sociales. Les partenaires sociaux, patronat et syndicats, ont la charge de définir les règles du marché du travail. C’est de leur ressort. Et il s’agit d’une prérogative constitutionnelle.

L’État intervient sans laisser de place au dialogue entre syndicat et patronat

Une responsabilité à laquelle fait écho la présence des salariés ou, pour les grandes entreprises, des syndicats, dans les organes de direction des firmes, dans les betriebsrat. Rien de tel en France, où l’État écrase tout, décide tout, intervient à tout propos, de la loi imposant les 35 heures jusqu’à la réforme des retraites. Un travers qui s’est aggravé récemment.

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Emmanuel Macron n’a que peu de considération pour le patronat et les syndicats, parce qu’il y voit des partisans de l’immobilisme, affaiblis par le manque de représentativité. D’où la nationalisation de facto de l’assurance chômage qu’il a opérée, d’où la réforme des retraites imposée d’en haut. Tout ça déresponsabilise les syndicats, et le patronat, et les conduit à adopter des positions radicales, idéologiques.

Pourtant, l’Allemagne a réformé son économie au début des années 2 000 avec les lois Hartz sur la compétitivité. Mais elles n’émanaient pas de l’État ni de hauts fonctionnaires. On retrouvait à la manœuvre l’ancien Directeur des ressources humaines de Volkswagen, le constructeur automobile allemand emblématique, qui avait été missionné pour cela.

Ces lois qui ont flexibilisé le marché du travail et rétabli l’Allemagne au plan économique après la réunification, avaient été précédées d’un débat et d’un diagnostic national et transpartisan, « standort deutschland », auquel tout le monde avait participé.

Un exemple en France : la retraite complémentaire du privé

Les syndicats français seraient-ils prêts à entrer dans un jeu coopératif pour réformer le pays ? Possible : un exemple de cela existe. C’est la gestion des caisses de retraite complémentaires, la retraite complémentaire des salariés et des cadres (Agirc-Arcco). C’est la CFDT et le patronat qui gèrent seuls ce pan considérable du système de retraite français, sans intervention de l’État. C’est même le dernier domaine où l’État n’intervient pas en matière de comptes sociaux.

Confrontés aux mêmes défis que le régime général, le vieillissement, syndicats et patronats ont pris des mesures pas faciles, sous indexation des pensions, décote en cas de départ anticipé. Sans une crise. Une réforme des retraites avant la lettre. Bilan, le régime a dégagé l’année dernière 5 milliards d’euros d’excédent et dispose de 68 milliards de réserves. Un petit morceau d’Allemagne au pays des Gaulois, pour une fois que l’État ne s’en mêle pas.

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