« Une psychose s’est installée » chez les agents pénitentiaires selon un représentant syndical nordiste

Deux jours après l’attaque d’un fourgon de l’administration pénitentiaire dans l’Eure, lors de laquelle deux agents sont morts et trois autres blessés, des blocages de prisons ont encore lieu ce jeudi matin dans les Hauts-de-France, par exemple à la maison d’arrêt de Douai ou au centre pénitencier de Longuenesse.

Plusieurs syndicats ont été reçus mercredi par le ministre de la Justice, Eric-Dupond-Moretti, dont la CFDT Pénitentiaire. Son secrétaire général, le Nordiste Éric Fievez, était l’invité de France Bleu Nord ce jeudi matin.

France Bleu Nord : Qu’avez-vous demandé au ministre Dupond-Moretti après cette attaque mortelle hier à Paris ?

Éric Fievez : Nous avons demandé au garde des Sceaux des moyens supplémentaires comme on lui avait fait remonter. Ce sont des demandes, et c’est ça qu’il faut relever, des gens qui sont sur le terrain. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, les équipes des pelotons régionaux d’escorte judiciaire demandent des moyens supplémentaires pour être en sécurité et pour exercer ses missions sur la voie publique et aussi les missions de sécurité.

Qu’est-ce que ça veut dire « des moyens supplémentaires » ? On parle de plus d’armes, de véhicules blindés, banalisés ?

Déjà, il faut avoir des véhicules banalisés. On a pas besoin de se balader avec des véhicules où c’est marqué « administration pénitentiaire » dessus. Il y a quelques années, je l’avais dit à un ancien directeur de l’administration pénitentiaire. Il m’avait répondu qu' »il ne faut pas avoir peur de s’afficher ». Ça remonte déjà à quelques années. Aujourd’hui, vous voyez, ça ce sont des choses qui ne doivent plus être au goût du jour. On doit transporter les détenus en sécurité, à la fois pour les personnels et pour les détenus qu’on transporte également. [Il faut] aussi des moyens supplémentaires en armes, en armes lourdes…

Face à ce qu’il s’est passé mardi, les agents ne pouvaient pas faire sans armes lourdes ?

Avec les vidéos, [on voit] qu’ils ont été tirés comme des lapins. Les gens sont arrivés du côté, de derrière et quand [les agents] se sont rendus compte ce qu’il se passait, il était déjà trop tard. Ils avaient déjà tué le chef de bord du fourgon. Et le collègue, qui a voulu riposter en sortant du véhicule qui suivait le fourgon, était bloqué au péage par un poteau. Il ne pouvait pas ouvrir la portière correctement. Aujourd’hui, il faut des véhicules qui soient plus grands, qui soient plus faciles pour intervenir. Et quand on fait des escortes de ce genre là, il faut être équipé en amont, en aval.

Tout ça, vous l’avez dit à Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice. Est-ce que vous avez été entendu ? Des choses vont se débloquer rapidement ?

Des choses doivent être débloquées rapidement. L’Administration pénitentiaire fait le nécessaire pour relever un peu le niveau de l’escorte, pour que les personnels, quand ils vont ressortir sur la route, soient en sécurité. Parce qu’aujourd’hui, les personnels n’ont pas envie d’aller sur la route. Il faut savoir qu’il y a une psychose qui s’est installée. Les personnels ont peur. Peut-être que des agents eux-mêmes se disent : « il va falloir reprendre les missions ». Mais derrière ça, il y a des familles. Il y a des enfants, des femmes, des pères, des mères, qui doivent dire aux garçons dans ces forces là : « Attention à ce que tu fais ». Aujourd’hui, beaucoup de gens ont peur.

Devant les grilles des prisons mardi matin, on entendait des surveillants dire : « un drame comme ça, on s’y attendait ». Vous partagez ce constat ?

On peut dire qu’on s’y attendait. Quand on fait le métier qu’on fait, on n’est jamais en sécurité même si l’administration essaie d’avoir les moyens sécuritaires adaptés. On est jamais à l’abri de rien. Mais les collègues qui travaillent dans ces escortes avaient dit qu’il fallait relever les niveaux de protection. Il faut des véhicules plus rapides, plus sécurisés. Il ne faut pas s’arrêter au péage. Vous voyez, quand on arrête une escorte au péage, et bien on donne l’opportunité aux gens de bloquer. Il faut avoir des choses qui protègent les véhicules pour éviter qu’un véhicule vienne devant et qu’il vous défonce le moteur et vous empêche d’avancer.

On sentait aussi devant les grilles des prisons un ras le bol plus général, au-delà de ces équipes qui ont en charge l’extraction. Tous les surveillants de prison disent : « on en a marre, on sent que la violence monte. » C’est le cas par exemple à Douai ? La violence est devenue quotidienne ?

La violence, elle est là tous les jours. Mais ce que vous rencontrez dans la rue, vous le rencontrez en prison. La prison de 1990-2000, ce n’est plus la prison de 2024. Les gens n’ont plus peur de rien. Quand on voit que des gamins de 13-14 ans tuent d’autres gamins, vous imaginez qu’en prison vous leur faites peur ? Avant, il y avait un code d’honneur. Avant, les détenus étaient plus respectueux parce que il y avait une autorité qui était différente.

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