Par Pierre Cahuc (économiste, chroniqueur aux « Echos »), ANDRE ZYLBERBERG (directeur de recherche émérite au CNRS et à l’Ecole d’économie de Paris)
Publié le 25 avr. 2023 à 11:13Mis à jour le 25 avr. 2023 à 11:40
Selon le Code du travail, « les syndicats professionnels ont exclusivement pour objet l’étude et la défense des droits ainsi que des intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuels, des personnes mentionnées dans leurs statuts ». En dénonçant un « déni de démocratie » lié à l’utilisation des instruments du parlementarisme rationalisé (l’article 49.3 de facto) qui aura fait passer l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans au mépris de la « volonté du peuple » les syndicats ont clairement outrepassé leurs prérogatives.
Cette stratégie est justifiée, dans une tribune abondamment commentée du journal « Le Monde », par Pierre Rosanvallon, intellectuel historique de la CFDT, qui voit dans le débat sur la réforme des retraites le « signe d’un ébranlement de notre démocratie », car le gouvernement ne pourrait invoquer qu’une légitimité « procédurale » née de l’élection, bien différente de la légitimité « sociale », fondée sur l’intérêt général. Les syndicats, eux, seraient porteurs de cette dernière, car ils « ont été reconnus par l’opinion comme de bons interprètes de la réalité du monde du travail ».
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