C’est une allocution solennelle, en direct, à l’heure du traditionnel journal télévisé. Dans sa prise de parole, qui devrait tenter de refermer le chapitre douloureux de la réforme des retraites, le chef de l’État devrait cibler plus particulièrement certains interlocuteurs…
Le président de la République doit retrouver la confiance des Français, largement écornée par la séquence politique des retraites : Emmanuel Macron a perdu près de 10 points de popularité dans les sondages d’opinion depuis sa réélection, il y a un an. De l’autre côté, le soutien à la mobilisation contre la réforme s’élevait encore à 62 % selon un sondage Ifop réalisé pour Sud Radio le 13 avril, à la veille de la décision du Conseil constitutionnel. Devant ses concitoyens, le chef de l’État devrait « tirer les conclusions » de cette séquence, et en « ouvrir » une nouvelle, comme le rapportait l’entourage d’Emmanuel Macron, cité par Politico.
Emmanuel Macron devrait tracer les priorités des prochains mois, qui devraient compter parmi elles une future loi « travail », qui permettrait non seulement d’engager une nouvelle discussion autour du travail, mais aussi de récupérer les six dispositions censurées par le Conseil constitutionnel vendredi. Mais cette allocution pourrait être aussi l’occasion pour le chef de l’État d’aborder une série de sujets dans l’air du temps, comme croit le savoir Politico : il pourrait parler du pouvoir d’achat, à la suite du déplacement de la Première ministre vendredi dans l’Eure. Le sujet du « régalien », alors que la loi de programmation militaire devrait être au menu du Parlement dans les prochains mois et que l’examen de la loi sur l’immigration portée par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt a été repoussé pourrait être abordé également, comme la fin de vie, quelques semaines après la fin de la convention citoyenne sur le sujet.
Il n’est pas exclu non plus qu’Emmanuel Macron ne revienne sur des sujets qu’il a mis en avant pendant sa campagne de réélection, à savoir la santé, l’éducation et l’écologie, qu’il avait estampillées comme priorités du second quinquennat.
Promettra-t-il – encore une fois – de changer sa méthode, d’être plus à l’écoute des Français, comme le suggère la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ? Donnera-t-il son sentiment sur la demande de référendum d’initiative populaire, à l’initiative de la Nupes ?
Les syndicats, pour renouer le dialogue
Avant même la publication de l’avis du Conseil constitutionnel, Emmanuel Macron a invité les syndicats à le rencontrer à l’Élysée mardi, afin de renouer le dialogue social. Car la relation entre les syndicats et Emmanuel Macron est au point mort, alors que l’intersyndicale se montre depuis le début du mouvement unie dans son hostilité à la réforme des retraites. Invitation largement déclinée par les leaders syndicaux : s’ils avaient pourtant réclamé une entrevue avec le chef de l’État, pendant le débat autour de la réforme, avant d’aborder son éventuel retrait. Cette fois, l’intersyndicale souhaitait rencontrer le président avant qu’il ne promulgue la loi…
Raté, puisque celui-ci l’a promulgué quelques heures seulement après l’avis du Conseil constitutionnel. Mais, toujours selon Politico, le rendez-vous tient toujours entre Emmanuel Macron et les organisations professionnelles – comprenez syndicats et patronat. Le chef de l’État pourrait donc profiter de son allocution pour tendre la main, encore une fois, aux syndicats, et leur offrir de revenir à la table des négociations, dans la perspective de la future loi travail. Car si eux refusent de discuter, le patronat lui, n’est pas hostile au dialogue avec le Président.
La prise de parole d’Emmanuel Macron pourrait prendre la forme d’un avertissement auprès des organisations syndicales : ne pas reprendre le dialogue, c’est prendre le risque qu’il se fasse seulement entre l’exécutif et le patronat. Pourtant, dans Le Parisien de dimanche, Laurent Berger, leader de la CFDT, reconnaît qu’il lui faudra « à un moment donné », reprendre les discussions. Cela se fera-t-il mardi, ou tiendront-ils jusqu’après le 1er-Mai, jour traditionnel de mobilisation, que l’intersyndicale veut plus forte que jamais ?
Élisabeth Borne, pour redonner confiance
Elle qui était présentée comme rompue au dialogue et aux négociations, son image a été entamée par l’utilisation des articles 49-3 et 47-2 de la Constitution, et sa légitimité à continuer à mener le gouvernement pourrait être remise en question. Pour disperser tout doute, Emmanuel Macron doit lui réitérer sa confiance, devant les Français. Cette allocution doit être l’occasion pour Emmanuel Macron de conforter sa cheffe de gouvernement.
À la fin du mois de mars, le président avait souhaité qu’Élisabeth Borne puisse « élargir » sa majorité, ce qui aurait pu passer par une coalition avec Les Républicains. Lui fixera-t-il un nouvel objectif, au lendemain du conseil national de Renaissance, où elle a semblé prendre acte de son propre échec, en affirmant « Si l’heure n’est pas aux coalitions, des majorités sont possibles, projet par projet. » ?
La droite (subtilement), pour dépasser son propre camp
Si elle a échoué à élargir sa majorité, peut-être le président va-t-il entrer dans l’arène lui-même. Car Emmanuel Macron a toujours besoin de dépasser son propre camp s’il veut mener à bien le reste des réformes, lui qui compte « accélérer » sur cette voie. Si certains parlementaires appellent à ce qu’il fasse plus appel à sa « jambe gauche », c’est encore et toujours à la droite que le chef de l’État devrait s’adresser, les Républicains étant majoritaires au Sénat, et assez à l’Assemblée nationale pour consolider une majorité.
Alors que les leaders de la droite s’étaient montrés plutôt favorable à la réforme des retraites, malgré la contestation de certains frondeurs pradistes, Emmanuel Macron pourrait profiter de cette allocation pour rassurer les électeurs et les élus de droite sur le contenu des prochains mois, mais aussi sur la trajectoire qui sera adoptée. Car l’agenda parlementaire est pour l’heure encore flou : la loi de programmation militaire, qui devait être examinée prochainement, fait l’objet d’un recours devant le Conseil constitutionnel, ce qui suspend son inscription à l’ordre du jour. Recours demandé par Olivier Marleix, patron des députés LR à l’Assemblée nationale.
Signe parmi d’autres que la droite ne se laissera pas conter fleurette si facilement. Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, affirme lundi au JDD qu’il « n’attend aucune manœuvre politicienne » de cette prise de parole. « Simplement qu’il donne du sens et un cap à sa présidence. »
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