Retraites : les syndicats tiraillés entre simples manifestations et grèves « plus dures »

L’opposition à la réforme des retraites continue d’être forte. La troisième journée de mobilisation, mardi 7 février, a réuni 757 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur, et « près de deux millions » selon la CGT. Ces chiffres sont en-deçà des précédentes journées, les 19 et 31 janvier. Mais, pour la première fois depuis le début du conflit, deux journées de mobilisation ont lieu dans la même semaine. Une quatrième journée est en effet prévue samedi 11 février dans toute la France. La manifestation parisienne partira à 13 heures de la place de la République en direction de la place de la Nation, selon la CGT.

L’intersyndicale table sur une contestation plus massive lors de la quatrième journée d’actions, samedi. Interviewé mercredi 8 février sur BFMTV, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a dit espérer samedi une « très forte mobilisation » et appelé chacun à « aller manifester massivement avec toute la famille ».

Soucieuses de ne pas rendre leur action impopulaire, les fédérations de cheminots n’ont pas appelé à la grève samedi, premier jour de vacances pour la zone B et mi-temps de celles de la zone A. « Les prochaines manifestations vont montrer l’ampleur de la contestation », a prédit le premier secrétaire du PS Olivier Faure, assurant ne pas craindre une baisse de la mobilisation.

Trois nouvelles dates de mobilisation, dont deux en mars

Les huit principaux syndicats réunis dans l’intersyndicale se sont par ailleurs accordés sur une nouvelle journée de grèves et de manifestations, le jeudi 16 février, comme ils l’ont annoncé mercredi. Et ce n’est pas fini. Les syndicats prévoient en effet une nouvelle journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites le mardi 7 mars, au sortir des vacances scolaires, et au moment où le projet du gouvernement sera débattu au Sénat, ont annoncé ce jeudi 9 février des sources syndicales à l’AFP, confirmant une information de franceinfo.

« Il y aura une grosse journée le 7, et une initiative particulière le 8, en lien avec la journée internationale des droits des femmes », a affirmé à l’AFP Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT. A ce stade, il n’y a pas de nouvelle date envisagée entre le 16 février et les 7 et 8 mars, en raison des vacances scolaires, selon les sources syndicales interrogées par franceinfo.

« On essaie d’avoir des dates qui correspondent à des événements forts », a expliqué ce jeudi 9 février sur franceinfo Cyril Chabanier, président de la CFTC. « Le 16 février a été choisi parce que c’est la dernière semaine où le texte est à l’Assemblée nationale et le 8 mars est la journée des droits des femmes », a-t-il précisé.

La CGT veut des grèves « plus dures et reconductibles »

Les divergences stratégiques commencent à voir le jour chez les syndicats, entre ceux qui veulent durcir le mouvement, à travers notamment des grèves reconductibles, et ceux qui préfèrent s’en tenir aux manifestations. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a appelé mardi à des « grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives, et reconductibles ». « Si le gouvernement persiste à ne pas écouter, forcément il faudra monter d’un cran », a-t-il déclaré mardi à Paris. Sur LCI, il a redit qu’il fallait « hausser le ton » face à l’exécutif et qu’il y avait « besoin de décider de grèves, c’est ce que font les raffineurs, c’est ce que font les cheminots, d’autres y réfléchissent aussi ».

Mardi matin, le secrétaire général de la CGT-Cheminots Laurent Brun avait lui aussi appelé à durcir le mouvement. « On lance le débat sur la nécessité d’augmenter le niveau de mobilisation dans le pays et en l’occurrence à la SNCF », a expliqué Laurent Brun sur Franceinfo. « Si on en reste à des journées comme celles-là, on en fait encore trois ou quatre, le gouvernement passe son projet », a-t-il mis en garde.

« Il faudra certainement monter d’un cran » dans les mobilisations afin de « ramener le gouvernement à la raison » sur la réforme des retraites, a également estimé mercredi sur franceinfo Erik Meyer, secrétaire fédéral du syndicat Sud Rail. « Depuis le départ, nous pensons que nous ne ferons pas reculer le gouvernement sans un mouvement bloquant pour le pays », a déclaré le syndicaliste, expliquant que la suite du mouvement dépendra du nombre de personnes dans la rue le 11 février. « Le bilan sur la mobilisation, il sera clairement fait samedi soir ». Même son de cloche pour Benoît Teste. Selon le secrétaire général de la FSU, « monter d’un cran, ce sera à partir du 6 mars, après les congés (scolaires) ». « D’ici là il faut maintenir un haut niveau de mobilisation », a-t-il affirmé.

Interrogé mardi sur le fait de durcir la mobilisation, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger a expliqué que les syndicats essaieront de « faire plus fort samedi prochain ». « Mais plus dur, ça veut dire quoi ? C’est quoi la perspective démocratique d’un pays dont les dirigeants n’écouteraient pas la plus grosse mobilisation sociale des trente dernières années ? » a-t-il répondu.

A la SNCF, la perspective d’une grève reconductible s’éloigne

Les interrogations sont particulièrement marquées à la SNCF. Les cheminots s’interrogent en effet sur la suite à donner au mouvement. Réunis mardi en assemblée générale à la gare de Lyon, ils ont dressé un état des lieux et tenté d’envisager la suite. La menace d’une grève reconductible à partir de mi-février, agitée par la CGT et SUD-Rail en cas de refus du gouvernement de retirer son projet de réforme des retraites, semble en tout cas s’éloigner.

« Je ne sens pas les gars prêts à se lancer dans une grève reconductible à l’heure actuelle », explique ainsi à l’AFP Thierry Milbeo, militant CGT-Cheminots et conducteur de Transilien à Montargis (Loiret). Finalement peu affectés par la réforme, qui ne touche pas à l’âge pivot des cheminots, ces derniers rechignent à se lancer seuls dans un mouvement dur, si les autres secteurs ne suivent pas.

Thierry Milbeo ne veut pas faire « grève par procuration ». « Cela fait 30 ans qu’on se mobilise et on a toujours perdu, sauf en 1995. A un moment, on en a marre de faire la grève pour les autres, si ça ne bouge pas plus ailleurs, je pense qu’on ne partira pas », a-t-il lâché.

La chronique est produite du mieux possible. Vous avez l’opportunité d’envoyer un message aux coordonnées présentées sur notre site web afin d’apporter des détails sur ce contenu parlant du thème « Syndicat de l’éducation nationale ». Le site cftc-education.fr a pour finalité de créer plusieurs publications autour de la thématique Syndicat de l’éducation nationale publiées sur internet. cftc-education.fr vous propose de lire ce post autour du thème « Syndicat de l’éducation nationale ». Il y aura de nombreux autres articles sur le sujet « Syndicat de l’éducation nationale » dans quelques jours, on vous invite à visiter notre site internet aussi souvent que vous le pouvez.