Retraites : comment les syndicats veulent « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars

Mettre la France à l’arrêt » si « le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire ». Par la voix du secrétaire général de Force ouvrière, Frédéric Souillot, l’intersyndicale a décidé samedi, alors que près d’un million de manifestants selon la police défilaient contre la réforme des retraites, d’augmenter la pression d’un cran autour de la journée du 7 mars. L’objectif : en faire une « date marquante », précise Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui a revendiqué la paternité de la formule sur « la France à l’arrêt ». Mais quelle forme peut prendre cette mobilisation ?

Derrière cet appel, Laurent Berger, invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI dimanche, évoque des « opérations villes mortes » à travers le pays, prenant l’exemple de ce qui pouvait se faire en Espagne avec des commerçants qui « tirent le rideau, ne serait-ce que quelques heures symboliquement » par exemple.

Selon Les Échos, l’idée a été trouvée dans le cortège de la manifestation du 7 février, à Paris, à la suite d’une discussion entre les trois leaders syndicalistes Laurent Berger, Philippe Martinez (CGT) et Frédéric Souillot.

« Les modalités ne sont pas encore définies », précise Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT chargé des retraites. Des discussions sont prévues dès jeudi soir, au terme d’une cinquième journée de mobilisation intersyndicale. Mais la philosophie est déjà claire : « monter crescendo en termes de mobilisation ». « Nous avons des manifestations historiques, mais, pour l’instant, nous n’avons pas de réponse du gouvernement, déplore le syndicaliste. L’idée est donc de monter encore d’un cran : faire des manifestations encore plus importantes en nombre et autour, prendre des initiatives qui donneront encore d’autres images de la mobilisation contre la réforme des 64 ans. »

Pas de grève reconductible pour la CFDT…

Concernant la journée de mobilisation jeudi, la CGT a déjà appelé les cheminots, dockers, électriciens, gaziers, salariés de la chimie et du verre à la grève. Un ballon d’essai avant le 7 mars, qui marquerait le début d’un blocage total du pays pendant plusieurs semaines ? Le communiqué de l’intersyndicale n’évoque pas ni le terme de blocage, ni celui de grève reconductible. « En intersyndicale, on a décidé de la journée du 7 mars, rien d’autre », a évacué Laurent Berger sur RTL.

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« La grande force de la mobilisation telle qu’elle a démarré, c’est de représenter l’ensemble du territoire et l’ensemble des professions, abonde Yvan Ricordeau. Le mot d’ordre d’une grève reconductible ne correspond qu’à deux ou trois secteurs professionnels qui ont une culture de mobilisation qui ne peut pas se déployer partout ailleurs. » Quant aux blocages de secteurs clés comme celui de l’énergie ? « Secteur par secteur, les choses se décideront », indique le secrétaire national CFDT. Pour l’heure, tous sont sur la même ligne que le communiqué de l’intersyndicale.

« La question de la reconduction ne se décide pas au niveau des confédérations syndicales, mais dans les entreprises et les services », expliquait également Philippe Martinez, même s’il annonçait samedi un possible durcissement du mouvement : « La balle est dans le camp du président de la République et du gouvernement pour savoir s’il faut que le mouvement s’amplifie, se durcisse ou s’ils prennent en compte les mobilisations actuelles. » Un durcissement qui semble soutenu par les Français. Selon un sondage Ifop pour le JDD, parmi les 62 % de Français favorables au mouvement, près de quatre sur 10 (43 %) déclarent soutenir ou avoir de la sympathie pour une mobilisation sociale impliquant des grèves plus massives.

… Mais des stratégies divergentes

Mais toutes les centrales n’ont pas la même stratégie. Ce lundi, l’Union syndicale Solidaires a appelé à la grève reconductible, dans le public et le privé, « selon les modalités propres à chaque secteur, avec inventivité et détermination », à partir du 7 mars. « Pour nous, cela s’articule complètement avec l’intersyndicale. Malgré nos spécificités entre organisations, à la fin nous voulons gagner, assure Murielle Guilbert, co-déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires. Nous pensons que c’est par une grève générale et reconductible que nous allons engager un rapport de force gagnant à la fin. »

Solidaires envisageait déjà de lancer cet appel à partir du 8 mars, date de la Journée internationale des droits des femmes, où une grève féministe est déjà organisée et soutenue par certaines fédérations syndicales et associations. Une mobilisation symbolique, à la fois contre la réforme des retraites dont l’impact sur les femmes est vivement critiqué, mais aussi pour porter d’autres revendications plus larges telle que l’égalité salariale, la lutte contre les violences ou le droit à l’IVG. Le communiqué de l’intersyndicale évoquait également cette date du 8 mars pour des actions complémentaires à la veille, afin de « mettre en évidence l’injustice sociale de cette réforme envers les femmes ».

L’intersyndicale (CGT, FO, UNSA, CFE-CGC) de la RATP a également appelé à la première grève reconductible contre la réforme des retraites. « Si le gouvernement n’entend toujours pas la détermination des travailleurs, de la jeunesse et de tous ceux qui soutiennent ce mouvement unitaire pour exprimer leur colère face à cette nouvelle injustice, il devra assumer le blocage de l’économie dans notre pays », précise-t-elle.

La CGT Cheminots envisage une stratégie similaire, qui pourrait essaimer dans le secteur de l’énergie et encore du transport routier. Du côté de l’Éducation nationale, le syndicat Sud Éducation semble sur la même ligne, tandis que, dans le secteur finances publiques, des appels à une journée « DGFIP morte » (Direction Générale des Finances Publiques) sont lancés.

Trois semaines pour convaincre

« Cette journée du 7 mars est importante, c’est aussi le signe que la population qui a manifesté jusqu’à présent peut aller plus loin s’il le faut, note Murielle Guilbert. Mais une journée ne suffira pas et c’est pour ça que nous prenons nos responsabilités au sein de Solidaires. » Et d’ajouter : « Il profiter de ces trois semaines aussi pour convaincre encore plus largement que c’est par la grève, reconductible que nous ferons plier le gouvernement. »

Une journée ne suffira pas

Murielle Guilbert, co-déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires

Toutes les centrales s’accordent néanmoins sur l’importance de cette future « journée noire » de mobilisation. « Nous nous donnons un peu de temps pour convaincre que le 7 mars, il faut frapper un grand coup et être largement en grève », conclut Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU dans Le Monde. Et pour la suite ? « Si le gouvernement reste sourd une nouvelle fois à ce qu’il se passe dans le pays, les organisations syndicales, en responsabilité, se réuniront pour continuer leur opposition », assure Yvan Ricordeau, de la CFDT.

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