Le gouvernement veut tourner la page des retraites et passer à autre chose. Pour être à l’écoute des priorités des organisations syndicales, Elisabeth Borne explique qu’elle n’a pas transmis d’ordre du jour, Mais, après de longs mois éprouvants de lutte contre la réforme des retraites, les centrales, elles, ne l’entendent pas de cette oreille.
Selon nos informations, un communiqué commun avant d’aller à Matignon
Certes, tous ont accepté de se rendre à Matignon, mardi et mercredi, pour des rencontres bilatérales, mais ils comptent négocier cher cette reprise du dialogue. Ils comptent aussi bien montrer à l’exécutif que leur union va perdurer, bien au-delà du seul sujet de la réforme des retraites.
C’est pourquoi, ce lundi, les syndicats publieront en fin de matinée un communiqué commun dans lequel ils redemandent au gouvernement de retirer sa réforme qui marque le recul de l’âge légal de 62 à 64 ans dans le privé. Ils appellent toujours à une nouvelle journée d’actions, avec des grèves et des mobilisations dans toute la France, le 6 juin prochain.
Mais ils y ajoutent aussi une requête : stopper la réforme qui vise à durcir les contributions d’octroi au RSA, en demandant aux bénéficiaires des heures de formation ou de travail, sans quoi ils s’exposeraient à des sanctions. Le gouvernement prévoit d’inscrire cette disposition dans la loi France Travail.
Pour le reste, chaque syndicat, avec la particularité qui lui est propre, portera un cahier revendicatif spécifique. Pour tous, par exemple, la demande de hausse de salaire fait partie des priorités, mais tous ne s’attachent pas à la même façon de le faire. Pour FO, il faut une hausse plus importante du SMIC ; pour la CGT, il est nécessaire de revenir à une indexation des salaires sur les prix ; alors que pour la CFDT, l’urgence est de relever les minima de branches… Revue de détails
Pour Sophie Binet, CGT, la priorité : les salaires
Celle qui a succédé à Philippe Martinez sera reçue mercredi prochain à Matignon.
« Nous avons des exigences en matière de salaire. Ils baissent aujourd’hui en France en euros constants. Il faut les augmenter. La CGT demande d’indexer les salaires sur les prix, pour garantir un niveau de vie soutenable des Français. Comme cela existe en Belgique, Luxembourg… et en France, c’était le cas, jusqu’en 1983. Et c’est une façon simple de revoir les minima de branches qui sont en-dessous du SMIC.
Nous allons aussi demander le retrait des ordonnances travail. C’est une réforme autoritaire, catastrophique pour le monde du travail, et qui n’a pas créé d’emplois. Aucune étude ne montre le lien entre cette réforme du code du Travail et la création d’emplois. On ne crée pas d’emplois du fait des licenciements. Il y a encore 5 millions de chômeurs en France. J’invite le gouvernement à un peu de modestie aussi… Le président fait comme si nous étions au plein emploi. Mais ce n’est pas le cas.
Et ces ordonnances sont un désastre, il faudrait remettre les CHSCT – les comités d’hygiène, de sécurité, et des conditions de travail. C’est essentiel pour la santé et la prévention des salariés. Quant au barème Macron sur les indemnités de licenciement mis en place aussi par les ordonnances, la France a été condamnée par l’OIT, l’organisation internationale du Travail. Il y a donc un conflit juridique. Nous demandons aussi l’interdiction des ruptures conventionnelles collectives, encore plus pour les seniors. De nombreuses grandes entreprises, comme Orange, en font… et les premiers sur la liste de ces RCC sont les plus de 55 ans.
Enfin, nous allons demander une conditionnalité des aides aux entreprises. Il y a déjà 200 milliards d’aides publiques donnés aux sociétés, sans aucunes contreparties ni conditions. Et cette semaine, Emmanuel Macron annonce encore un crédit d’impôt supplémentaire d’un milliard pour les entreprises, sans aucune condition en matière d’emploi, de préservation de l’environnement… Ces aides sont un vrai levier pour créer des emplois, et engager une politique publique de transition écologique. Les critères doivent être environnementaux et sociaux… Et nous allons demander à Elisabeth Borne d’appliquer notre solution : permettre aux représentants du personnel, via le CSE, d’avoir un droit suspensif de ces aides publiques. Et de les conditionner à un avis conforme des représentants du personnel. Par exemple, Sanofi bénéficie de milliards d’euros de crédit impôts recherche.. etn en même temps, licencie des chercheurs. Ce n’est pas possible. »
Marylise Léon, de la CFDT : insister sur le changement de méthode
« La CFDT sera reçue mardi soir. Nous allons demander à ce qu’il y ait un vrai changement de méthode. Pour la CFDT, c’est fondamental, et c’est un préalable indispensable à toute reprise d’échange. La Première ministre explique qu’elle souhaite donner la part belle au dialogue, mais qu’entend-t-elle vraiment ? Nous allons lui demander quelle place et quelle vision ont-ils du dialogue ? Quelle place sont-ils prêts à nous faire ?
Ensuite, c’est une requête que nous partageons avec les autres syndicats, mais sur laquelle nous entendons ne rien lâcher. Il n’est plus acceptable que 151 branches professionnelles, sur les 171 de plus de 5000 salariés, conservent des minimas sociaux en-dessous du SMIC. Pour les inciter à les relever, nous souhaitons que le gouvernement suspende les exonérations de cotisations pour celles qui ne voudraient pas négocier pour les relever. Autrement dit de conditionnaliser les aides publiques aux entreprises, notamment les plus grandes.
Nous voulons aussi que le gouvernement revoit les ordonnances de 2017, et réintroduise les CHSCT. Car nous voyons bien que c’est insuffisant. Il faut absolument adapter les ordonnances.
Enfin, le gouvernement évoque la mise en place d’un compte épargne temps universel. Ce qui correspondrait à notre demande de mise en place d’une banque des temps tout au long de la vie. Ce compte épargne temps serait extérieur à l’entreprise et bénéficierait au salarié, qui l’emporterait avec lui tout au long de sa carrière. Les modalités doivent être précisées, car nous ne voulons pas de monétisation de ce compte. Il faut que ça reste des jours à prendre et que l’on ne le transforme pas en euros. Plus globalement, nous demandons une négociation obligatoire sur l’organisation du travail. Elle pourrait comprendre aussi la semaine des 4 jours … nous avons demandé à nos fédérations de travailler dessus. Nous souhaitons un dispositif souple, car nous nous rendons compte que cela peut être très différent d’une entreprise, d’un secteur à l’autre ».
Frédéric Souillot, Force Ouvrière : donner un vrai coup de pouce au SMIC
« Force ouvrière sera reçue mardi soir. Nous allons insister sur les hausses de salaires. Les travailleurs ne s’en sortent plus. Le SMIC suit l’inflation, mais selon nous ça ne suffit pas. Après les gilets jaunes, le gouvernement devrait être vigilant. Nous lui demandons d’y ajouter un coup de pouce supplémentaire.
De la même façon, nous allons attirer l’attention d’Elisabeth Borne sur la situation des fonctionnaires. L’Etat devrait dégeler l’indice à la hauteur de l’inflation. Il peut trouver l’argent, en supprimant le crédit impôt recherche de Sanofi qui licencie ses chercheurs, mais aussi celui de Total… Nous allons, nous aussi, mettre sur la table le sujet de la conditionnalité des aides publiques.
Enfin, nous allons porter la demande d’un changement de méthode et de concertation. Car tout est verrouillé. On veut revenir aussi sur les ordonnances, qui ont abîmé la représentation des salariés dans les entreprises. »
François Hommeril, de la CFE-CGC : stop à la dégressivité des allocations chômage
« Nous serons reçus mercredi. Nous voulons que le gouvernement arrête de toujours modifier l’assurance chômage ou le RSA. C’est une requête commune à tous les syndicats, mais nous voulons qu’il revienne sur les conditions strictes qu’il fait peser sur les cadres au chômage. De la même façon, pour les seniors, il a encore durci les conditions d’allocation. Il faut qu’il arrête. Pareil : il faut revenir sur cette idée de lier condition du marché du travail et allocations chômage. C’est contre-productif.
Par ailleurs, nous sommes choqués de tous les cadeaux faits aux entreprises. Plus de 200 milliards d’euros d’aides. Il est temps de créer des contraintes sur le patronat. Notamment, pour garder les seniors en entreprise. Il faut conditionner les aides à l’obligation de faire réellement le nécessaire pour ne plus licencier les seniors. Et nous allons demander même d’aller plus loin : des sanctions. Sur le modèle des accords chômage partiel (APLD). Les entreprises ont correctement joué le jeu, car elles craignaient des sanctions.
Enfin, nous serons intraitables concernant la suppression totale des ordonnances. Cette réforme est une catastrophe, faite par seul tropisme idéologique. Un rapport de France Stratégie le montre. Aussi, nous demandons au gouvernement de revoir les voies et moyens de la négociation en entreprises, et de redonner une véritable place aux instances représentatives du personnel, au nombre de délégués du personnel etc.. »
Cyril Chabanier, de la CFTC : prendre réellement en compte la pénibilité
« La CFTC sera reçue mercredi midi. Une de nos priorités concerne la prise en compte de la pénibilité. Il faut réintégrer les critères ergonomiques dans le compte pénibilité. La réforme des retraites telle qu’elle a été adoptée ne prévoit rien d’efficace. Et puis, pour les métiers pénibles, aussi absolument inciter les entreprises à se poser la question des reconversions. Personne ne veut se reconvertir à 58 ou 60 ans. Il faut inciter les salariés et obliger les entreprises à se poser la question des reconversions dès 40 ou 45 ans…C’est ce qui évite l’usure professionnelle. Idem pour l’emploi des seniors. Il faut avancer sur le sujet, car dans la loi, le conseil constitutionnel à supprimé toutes les mesures dites « sucrées ».
Nous allons aussi demander à Elisabeth Borne de tenir parole. Elle a promis de retranscrire l’accord sur le partage de la valeur. Car pour l’instant, ce que nous avons vu, n’est pas satisfaisant. Nous avons écrit, avec la CFDT, FO et la CFE-CGC, à la cheffe du gouvernement car nous sentons bien, par exemple, la tentation de laisser la possibilité aux entreprises, de substituer de l’intéressement, ou de la participation à de vraies hausses de salaires. Ce n’est pas ce que nous souhaitons. Nous sommes donc vigilants. Les dispositifs de participation ne doivent pas remplacer des hausses de salaires.
Enfin, comme les autres organisations, nous demandons d’obliger les entreprises à revoir les classifications, et les salaires de ceux qui sont en dessous du SMIC. Et la conditionnalité des aides aux entreprises est aussi une absolue nécessité. »
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