Réforme des retraites. Violences contre colère, le constat amer des syndicats à Cherbourg

L'intersyndicale bat le pavé depuis plusieurs mois dans les rues de Cherbourg et entend continuer la lutte, notamment ce jeudi avec une nouvelle journée de manifestation.
L’intersyndicale bat le pavé depuis plusieurs mois dans les rues de Cherbourg et entend continuer la lutte, notamment ce jeudi avec une nouvelle journée de manifestation. (©La Presse de la Manche)

Il n’est pas encore tout à fait 18 h 30, ce lundi 20 mars 2023. Les représentants de l’intersyndicale (FSU, CFDT, FO, CGT, CFE CGC, UNSA…) se retrouvent à la Maison des syndicats de Cherbourg-en-Cotentin.

Cette fois, ils ne sont ni à la fête, ni à la tête de dizaines, de centaines, voire de milliers de manifestants. Ce soir, les dix têtes d’affiche ne sont qu’entre elles.

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Sandrine Gamblin, infirmière FO, ouvre son bloc-notes de la Mutuelle nationale des hospitaliers. Face à elle, Martine Quesnel, professeure FSU, pose trousse et copie double sur la table. « T’as écouté Élisabeth ? », lance l’une d’elles.

« Mais de quel côté est la violence ? »

À des centaines de kilomètres de là, la première ministre Élisabeth Borne termine sa prise de parole devant l’Assemblée nationale. Bien sûr qu’ils l’ont écoutée, « elle », à la radio, sur la route, en arrivant dans la bagnole. « Et elle dit vouloir chercher des compromis… », peste un autre représentant.

Il est 18 h 30 passées. Dans la capitale, les députés ont jusqu’à 18 h 45 pour voter en faveur de la motion de censure du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoire (Liot) contre le gouvernement.

Dans la salle plus modeste de la Maison des syndicats de la ville portuaire, l’échange commence, les yeux se détournant de temps à autre vers les écrans de téléphone. Sonnerie. Coup d’œil inquiet. Fausse alerte.

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Le sort de la motion de censure de Liot n’est pas encore connu, mais l’intersyndicale pense déjà à l’après. « Promulgation ou non de la loi, ça ne change rien, lance Antonio Gomes, de Sud Éducation. Il est hors de question de sacrifier deux ans de plus de notre vie à notre travail. »

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Que le gouvernement ne nous parle pas après de la responsabilité des syndicats ou des manifestants dans les violences, cela incombe uniquement au gouvernement.

Laure AbissetUnion locale CGT Cherbourg

Les violences. « Mais de quel côté est la violence ? », questionne Antonio Gomes. Les représentants syndicaux égrènent : violences « d’État », « politiques », violence « de leurs mensonges », violence de ce « drame démocratique », violence de ce « dogmatisme autoritaire », violence de la répression, « policière comme syndicale », violence de salariés aussi.

« Une colère légitime»

« On voit arriver des Gilets jaunes, des gens qui veulent se greffer…, pointe le représentant de la CFDT du CHPC. C’est une colère légitime qui ne vient pas de notre base. Toute cette mobilisation a demandé beaucoup de sacrifices et, aujourd’hui, les gens se demandent ce qu’ils peuvent faire de plus pour être entendus. » Ce lundi soir, c’est donc violences contre colère.

Il est 18 h 49. « Oh put… ! » Un murmure se répand autour de la table : la motion de censure du groupe Liot n’est pas adoptée… à neuf voix près. Regards solennels. Reprise sur le thème de la violence. Le domicile du député de la Manche Bertrand Sorre a subi des dégradations (lire ci-dessous). Condamnation unanime.

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« De la même manière que ma famille n’a pas à subir mes choix syndicaux, la sienne n’a pas à subir ses choix politiques », atteste Sandrine Gamblin. « Et puis tout ça ne va faire qu’encourager le vote de l’extrême droite », regrette le Cégétiste Maxime Debout. Pour ces représentants syndicaux et les salariés qu’ils représentent, ces derniers mois, tout n’a été « que violences ».

« Notre union a démocratisé la lutte »

19 heures. Et maintenant ? La mobilisation continue, assure l’intersyndicale.

Il y a eu une prise de conscience. Ces mois de mobilisation ont fait revenir les salariés vers la démarche syndicale, ils sont demandeurs d’informations et d’actions. À Cherbourg, je crois que la barrière a sauté. Notre union a démocratisé la lutte, c’est pourquoi on voit de plus en plus de gens qui ne sont pas syndiqués dans les cortèges.

Martine QuesnelProfesseure et représentante FSU

19 h 30. Les nouvelles des autres sections arrivent, d’Avranches, Granville… Pour les Cherbourgeois, une nouvelle semaine de lutte est prévue, avec des mobilisations à venir.

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