Un peu de répit pour revenir plus fort ? La sixième journée de grève contre la réforme des retraites a été fixée par les syndicats au 7 mars. Soit après les vacances scolaires. Alors que la mobilisation était en baisse jeudi 16 février – 1,3 million de manifestants selon les syndicats, 440.000 d’après le ministère de l’Intérieur -, cette période de creux peut sonner comme l’heure d’ouvrir des caisses de grève afin d’aider les salariés à tenir dans la durée.

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Mais avec quels moyens et pour combien de temps ? Les méthodes diffèrent d’un syndicat à l’autre. Certains ouvrent des caisses ponctuelles au gré des mobilisations tandis que la CFDT recourt à ses propres fonds. Capital vous explique comment les syndicats se préparent, plus ou moins, à permettre à leurs membres de durer la grève contre la réforme des retraites.

La CGT appelle aux dons

Le 6 février, la CGT a ouvert une cagnotte en ligne sur la plateforme Leetchi. Elle recense déjà plus de 6.528 participations pour une collecte totale de 504.278 euros à l’heure où nous écrivons ces lignes. N’importe qui peut y contribuer. En clair, cette caisse de grève ne repose pas sur les fonds de la CGT.

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“On n’ouvre une caisse que de manière ponctuelle, confie à Capital Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT. Elle est alimentée par les dons.” L’objectif est de compenser les pertes de salaire des grévistes. “On veut les aider à au moins tenir tout le mois de mars”, revendique-t-elle. La somme récoltée sera ensuite répartie au sein des différents secteurs professionnels de la CGT. “Mais cette caisse ne sera pas pérenne, prévient-elle. Une fois la grève terminée, elle sera clôturée.”

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Si les journées de grève sont financées par les dons, à quoi servent les fonds de la CGT ? “On peut soutenir les salariés d’une entreprise s’ils ont mené une longue mobilisation (contre un plan social par exemple, ndlr). Après étude du dossier, la CGT peut leur faire un don”, raconte Céline Verzeletti.

141 millions d’euros dans les caisses de la CFDT

Le fonctionnement est tout autre à la CFDT. Mardi 14 février, le Conseil national confédéral de la CFDT a voté à l’unanimité l’indemnisation des jours de grève. Mais il s’agit d’une dérogation temporaire. “Notre caisse nationale d’action syndicale (Cnas, ndlr) prend habituellement en charge toutes les grèves, sauf celles appelées par la confédération au niveau interprofessionnel”, raconte à Capital Jean-Michel Rousseau, secrétaire confédéral chargé de la Cnas. Confirmation que la CFDT n’indemnise donc pas, en temps normal, les grèves au niveau national.

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Cette fois, pas de cagnotte en ligne. La CFDT finance les journées de grève avec ses propres fonds. “On dispose d’une réserve de 141 millions d’euros, constituée depuis 50 ans avec les reports des cotisations qui n’ont pas été utilisées année après année”, poursuit Jean-Michel Rousseau. Néanmoins, pour être indemnisé, l’adhérent à la CFDT doit avoir fait grève durant a minima 6h45, temps qui peut être réparti sur plusieurs jours. “Dès lors que ce temps est dépassé, on indemnise la totalité des heures non travaillées, avec les bulletins de salaire comme justificatif. On paye 7,70 euros l’heure”, précise le syndicaliste.

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Mais la Cnas ne finance pas uniquement les grèves. “À l’origine, 80% de l’activité de la caisse de la CFDT était liée à la grève. Mais c’était il y a 50 ans. Aujourd’hui, c’est plutôt de l’ordre de 20%”, affirme Jean-Michel Rousseau. Le reste de la caisse contribue aux actions juridiques. Par exemple, à la demande de son syndicat, un salarié peut obtenir un coup de pouce pour un recours devant les prud’hommes : un forfait de 690 euros au titre d’un “conflit individuel du travail”, à condition que ce dernier ait au moins six mois d’ancienneté en tant qu’adhérent à la CFDT.

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Pas de caisses de grève à l’Unsa, ni à la CFTC

À l’Unsa, aucune caisse de grève n’a été ouverte pour soutenir le mouvement contre la réforme des retraites. Seules quelques actions locales sont menées. Des enseignants en ont, par exemple, pris l’initiative à Annemasse, en Haute-Savoie. Pourquoi pas à l’échelle nationale ? “Une réflexion est en cours”, confie à Capital Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa. Mais rien, probablement, ne sera lancé à court terme. “Il n’y a jamais eu de caisse de grève au niveau national à l’Unsa. Il va y avoir un débat sur la nécessité d’en avoir une à l’avenir, pas pour la mobilisation contre la réforme des retraites, mais pour les futurs mouvements sociaux”, complète le syndicaliste.

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La CFTC, quant à elle, n’ouvre pas de caisse de grève par principe. “Ça me gêne de savoir que des sommes peuvent être immobilisées pendant longtemps au cas où il y ait une nouvelle manifestation”, juge Manuel Lecomte, trésorier à la CFTC. Le syndicat préfère recourir à un système assurantiel, mais qui n’indemnise pas les grévistes. “On peut aider les défenseurs syndicaux qui montent au créneau en représentant des salariés. S’ils font face à des problèmes juridiques, par exemple, ils peuvent être accompagnés par des conseillers syndicaux, des juristes, voire des avocats”, explique Manuel Lecomte.

Impossible donc, d’estimer combien de temps les syndicats pourront soutenir financièrement les grévistes, vu la pluralité des méthodes employées.