Réforme des retraites : la CFDT de Laurent Berger contraint à jouer la force

Ils ont beau être orange, leurs gilets sembler porter un peu de la colère du jaune qui a envahi les ronds-points de France, voilà quatre ans. La couleur de leur syndicat, la CFDT, a inondé les rues jeudi. « Il y a un mois, je partais à 60 ans avec neuf trimestres de cotisés avant dix-huit ans. Aujourd’hui, c’est 62 ans, c’est pas possible, faut arrêter la casse », tempête ce militant de la fédération chimie-énergie, la plus importante de la CFDT, croisé avec une dizaine d’autres à la manifestation parisienne.

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Douze ans, depuis le passage de 60 à 62 ans décidé par le gouvernement Fillon , que l’on n’avait vu telle participation du – désormais – premier syndicat de France à un mouvement social. La centrale réformiste, avec ses sept autres homologues, défilera à nouveau le 31 janvier. Une opposition inattendue, y compris au sein du gouvernement qui espérait, sinon un soutien de la CFDT, au moins une discrète fronde. Raté. En quelques semaines, Laurent Berger, le secrétaire général, s’est mué en contestataire malgré lui et son syndicat, traditionnellement partisan du dialogue social, en opposant radical.

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Quand l’intersyndicale s’était réunie, le 10 janvier, au moment où Élisabeth Borne dévoilait les contours de la réforme des retraites, c’est le cédétiste qui avait pris la parole face aux journalistes pour annoncer la première mobilisation. « Philippe Martinez, le leader de la CGT, a poussé Berger à jouer le rôle de l’intransigeant », analyse Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail (IST). Comme un miroir inversé des rapports de force, Berger, ancien patron de l’Union régionale des Pays de la Loire, se retrouve aujourd’hui coincé.

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« Il doit respecter le vote des militants », selon l’un d’entre eux

D’abord par son propre mandat, qui définit les contours de son action. Lors du congrès de juin, qui avait conduit à sa réélection, un amendement déposé par l’Interco de la Somme était adopté à 67,5 %, contre l’avis de la direction. Il entérinait le refus de la CFDT de toute hausse de l’âge moyen de liquidation, même si l’espérance de vie augmente – ce qui était par le passé sa doctrine. « Cette déconvenue oblige Berger à être plus raide qu’il ne souhaitait l’être », pense Bernard Vivier.

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« Il n’a pas le choix, il doit respecter le vote des militants », assène l’un d’entre eux. Impossible donc d’accepter un recul de l’âge de départ à 64 ans, couplé à un allongement de la durée de cotisation à 43 ans en 2027. « La CFDT avait un rôle pivot lors des débats sur la création d’un système universel, rappelle Antoine Foucher, président de Quintet Conseil, spécialisé en stratégie sociale. Les deux camps qui rivalisaient depuis une dizaine d’années, réformistes et contestataires, se retrouvent aujourd’hui. »​

Ensuite, Laurent Berger se souvient des insultes reçues par Nicole Notat, sa prédécesseure, accusée de pactiser avec le pouvoir lors de la réforme Juppé de 1995. Et de celles essuyées en 2003 lors de la réforme Fillon par son mentor, François Chérèque, auquel il a succédé. La recherche de compromis prônée par la centrale s’était soldée par la perte de près de 20 % des adhérents, partis à la CGT ou chez Sud, et toujours pas retrouvés.

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Cerise sur le gâteau, l’inimitié entre Laurent Berger et Emmanuel Macron. Même si le chef de l’État dément auprès de ses visiteurs toute incompréhension, la moindre de ses confidences est perçue comme un affront par le numéro un de la CFDT. Exemple avec des propos que le président aurait tenu en petit comité, juste avant la journée d’action de jeudi, sur la « victoire de l’irresponsabilité » et qui ont fortement irrité Laurent Berger. « Il ne supporte pas que les partenaires sociaux ne soient pas des acteurs de la réforme, relève le directeur de l’IST, et Macron que les organisations syndicales dictent leur loi au monde politique. » Entre risques de défaite si le gouvernement ne lâchait rien, ou si peu, et menace de fronde interne si la CFDT abandonnait le combat dans la rue, cette séquence a tout du piège pour Laurent Berger.

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