À défaut de s’en remettre à sainte Rita, patronne des causes désespérées, ils ont choisi Emmanuel Macron. Les syndicats ont adressé, jeudi 6 décembre, une lettre recommandée au président de la République. Objet du courrier ? « Sollicitation d’une intervention présidentielle pour la sauvegarde du groupe Casino, de ses salariés et gérants ».
Nous avons pu consulter le contenu de cette lettre. L’intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) y rappelle que « fondée il y a 125 ans, la plus vieille enseigne de distribution française constitue un acteur tant historique qu’incontournable du paysage économique et social national. Solidement ancré dans la cité qui l’a vu naître, ce fleuron de la distribution française a toujours maintenu son siège à Saint-Etienne, ville dont Casino a pleinement façonné l’identité.
« Vous ne pouvez rester insensible à la détresse de toute une région »
Voilà pour le contexte, histoire de rappeler que l’enseigne, comme Manufrance ou l’ASSE, est indissociable de la ville. La suite, Emmanuel Macron doit la connaître : « Avec la vente annoncée de la totalité des supermarchés et hypermarchés, le scénario initial de la reprise du groupe dans son intégralité par un consortium d’investisseurs s’effondre. L’ensemble des collaborateurs est amer : cette cession de plusieurs centaines de points de vente et entrepôts met en péril non seulement des milliers d’emplois, mais aussi l’existence même du groupe ».
Et les syndicats d’interpeller le président : « Vous ne pouvez rester insensible à la détresse de toute une région dont le patrimoine industriel a été largement sacrifié. Casino reste à ce jour le dernier et unique bastion d’un bassin d’emplois d’ores et déjà bien sinistré ». Pour eux, il ne s’agit « pas seulement de remettre une entreprise sur les rails, mais aussi de préserver des familles. Il faut pérenniser cette fantastique aventure tant humaine qu’industrielle (que de nombreuses générations ont écrite) pour qu’elle donne un avenir aux plus jeunes ».
« Le tandem Kretinsky/Naouri n’est plus crédible »
Pour les syndicats, aussi bien le PDG actuel que le futur repreneur ne sont pas fiables : « Cette entreprise, plombée par des dettes abyssales, s’enlise depuis des années dans une crise dont l’issue pourrait être fatale. Pour des milliers de salariés français, le tandem Daniel Kretinski/Jean-Charles Naouri n’est plus crédible. Votre intervention auprès des différents acteurs impliqués dans le sauvetage du groupe Casino constitue leur ultime opportunité de voir aboutir une alternative loyale sur le plan social ».
Ce courrier sonne comme un cri de désespoir. Trouvera-t-il un écho auprès d’Emmanuel Macron ? Rien n’est moins sûr. Mais après la rude semaine qu’ils ont vécue (manifestation mardi, mise en place d’une cellule psychologique mercredi, annonce de la vente de tous les supermarchés et hypermarchés jeudi), les salariés veulent se raccrocher au moindre signe positif.
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