Publié le 19 avr. 2023 à 18:44Mis à jour le 19 avr. 2023 à 19:07
Il l’avait annoncé, restait à savoir quand. Dix ans et demi après avoir accédé au poste de secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger laissera sa place à Marylise Léon, sa numéro deux, le 21 juin prochain. La succession à la tête du premier syndicat français, qui suit de peu celle de Sophie Binet à la CGT et sera concomitante avec celle de Geoffroy Roux de Bézieux au Medef, a été officialisée, ce mercredi, lors d’une réunion du bureau national dont l’ordre du jour a été modifié pour l’occasion.
« J’avais dit, lors de notre congrès en juin 2022, à Lyon, que je m’en irai en cours de mandat », a rappelé l’intéressé dans une interview au « Monde », renouvelant une pratique inaugurée par son prédécesseur, François Chérèque. Cette décision, « mûrement réfléchie, arrêtée dès la fin 2021, après discussion avec mes collègues de la commission exécutive » n’est ni « un coup de tête ni un choix dicté par l’actualité ».
Respect des règles collectives
En clair, aucune relation de cause à effet avec la réforme des retraites, l’opposition résolue de l’intersyndicale n’ayant pas empêché la promulgation du coeur de la loi sitôt validé par le Conseil constitutionnel vendredi dernier. Le changement devait d’ailleurs intervenir il y a un an, mais a été retardé pour mener à bien plusieurs chantiers internes retardés par le Covid.
« Je souhaite tout simplement respecter des règles collectives et une forme d’éthique personnelle, liées au fonctionnement démocratique de la CFDT. Celle-ci n’est pas un parti, elle n’est pas non plus une entreprise personnelle : c’est une organisation collective. Il est normal qu’elle s’incarne dans des leaders, mais il est aussi normal qu’elle se renouvelle », explique Laurent Berger.
Même s’il regrette de ne pas avoir été assez « fort » sur le recrutement de nouveaux adhérents, malgré l’appel d’air des mobilisations contre les retraites, Laurent Berger peut s’enorgueillir d’avoir ravi lors des élections professionnelles la première place syndicale à la CGT dans le secteur privé, en 2017, dans l’ensemble du salariat, un an plus tard. Résultats confirmés depuis. En nombre d’adhérents, les deux organisations sont au touche à touche.
La transmission de témoin intervient alors que la réforme des retraites a donné l’occasion aux syndicats de rappeler leur importance, quand la crise des « gilets jaunes » avait théorisé leur affaiblissement. « Quoi qu’on pense du positionnement de la CFDT, la succession est admirable : quelle autre organisation est capable de privilégier le collectif au point d’avoir un leader qui part de lui-même au sommet de son influence », souligne l’ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, Antoine Foucher.
Changement dans la continuité
Faut-il pour autant s’attendre à un changement de ligne ? Très probablement non. Comme Laurent Berger après François Chérèque, Marylise Léon inscrira son action dans les pas de son prédécesseur. Très agréable mais très déterminée bien que très prudente, disent ceux qui ont eu à négocier avec celle qui sera la deuxi�ème femme à diriger la CFDT, un peu plus de trente ans après Nicole Notat.
Le ton ou les mots changeront peut-être mais pas la critique à l’encontre du gouvernement, accusé d’avoir foulé aux pieds la démocratie sociale avec la réforme des retraites. Comme pour mieux le rappeler, l’intersyndicale espère d’ailleurs « casser la baraque » lors de la mobilisation du 1er Mai pour reprendre les propos de Laurent Berger.
Manifestations chétives
Et après ? Si la CGT, FO ou l’Unsa semblent décidés à poursuivre le mouvement, la CFDT, elle, semble avoir pris conscience que le jeu n’en vaut plus la chandelle, même si elle mise officiellement encore sur le référendum d’initiative partagée, et compte contester les décrets d’application.
En plus de ne pas décider ensemble, l’autre risque pour l’intersyndicale « serait de faire croire aux salariés que c’est la succession de journées de mobilisation qui feront revenir le président de la République en arrière, alors qu’il y en a eu douze et qu’il ne nous a ni reçus ni écoutés », assume Laurent Berger.
Autrement dit, plus question donc de faire perdre des journées de salaires aux grévistes « pour finir sur des manifestations chétives ». Le combat « n’est pas fini », mais il va changer de forme. Après le patronat, et même s’il faudra encore un peu de temps, la CFDT répondra présent à l’invitation d’Emmanuel Macron à négocier un « pacte de la vie au travail » d’ici à la fin de l’année. Charge à Marylise Léon de s’assurer que les exigences du syndicat en termes de méthodes et de contenu des négociations seront suivies d’effet.
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