Fumée blanche
Reçus jeudi soir, les syndicats étaient appelés à accepter ou refuser avant midi, ce vendredi, les propositions de la direction, qui n’incluent pas d’augmentation de salaire, mais une prime relevée et 200 embauches de contrôleurs. Borne félicite le «dialogue social» dans l’entreprise.
Trente minutes avant le gong. L’accord proposé par la direction de la SNCF a été accepté par les organisations syndicales une demi-heure avant l’heure limite. La CGT, L’Unsa, SUD-Rail et la CFDT ont signé pour une prime de travail revue à la hausse de 120 euros, l’embauche de 200 contrôleurs supplémentaires et la création d’une direction unifiée pour cette catégorie de personnel. Ne pas perdre une minute semble avoir été le mot d’ordre de cette fin de conflit tant la perspective de voir un deuxième week-end perturbé dans les gares a inquiété le gouvernement. «Je salue l’esprit de responsabilité qui prévaut ce matin à la SNCF en prévision du week-end du nouvel an. Le dialogue social permet toujours de trouver le meilleur chemin pour les salariés et les entreprises», s’est félicitée dans un tweet la Première ministre, Elisabeth Borne.
Je salue l’esprit de responsabilité qui prévaut ce matin à la @sncf en prévision du week-end du Nouvel An.
Le dialogue social permet toujours de trouver le meilleur chemin pour les salariés et les entreprises.
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) December 23, 2022
Le PDG de la SNCF, Jean Pierre Farandou, avait initialement prévu de recevoir les quatre organisations syndicales de la maison ce vendredi matin afin d’entamer les négociations de la dernière chance pour sauver la circulation des trains le 31 décembre et le 1er janvier. Trop tardif pour le ministère des Transports et la Première Ministre, qui lui ont demandé de s’y coller dès jeudi en fin d’après midi. Une réunion a donc été organisée à la hâte à partir de 18 heures au siège de la SNCF à Saint-Denis. Problème : tous les délégués syndicaux n’habitent pas la région parisienne. Prévenus au dernier moment, ils n’ont pu être tous présents. La réunion s’est donc déroulée avec quelques élus assis physiquement à la table des discussions, la direction incarnée par son PDG et le directeur des ressources humaines. D’autres représentants des salariés participaient en visioconférence.
Création d’une direction nationale regroupant l’ensemble des contrôleurs
Les échanges ont duré quatre heures et se sont déroulés dans un climat finalement assez serein, selon des participants interrogés par Libération. Comme le veut le rituel chacun a pris la parole par ordre de représentativité – ceux qui ont fait le meilleur score aux dernières élections parlant en premier. A 22h30, chacun est rentré chez soi pour faire chauffer le téléphone avec la base syndicale. La direction de la SNCF a mis sur la table trois propositions majeures. D’abord une augmentation de la prime de travail passant de 600 à 720 euros. Une prime dite «liquidable», c’est-à-dire qu’elle compte pour le calcul des pensions de retraite. Ensuite l’embauche de 200 contrôleurs et, enfin, la création d’une direction nationale regroupant l’ensemble des 8 000 contrôleurs. Une revendication de longue date des intéressés qui sont, aujourd’hui, éclatés dans plusieurs structures régionales en fonction de leur lieu d’affectation. Cette centralisation devrait permettre aux contrôleurs d’avoir un meilleur déroulement de carrière ce qui, en terme moins sibyllin, signifie qu’ils pourront plus facilement grimper les échelons et améliorer leur fiche de paie.
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Toutefois, si la signature des quatre organisations syndicales entraîne mécaniquement la levée des préavis de grève, le week-end du 24 décembre restera perturbé avec un train sur deux ou deux trains sur trois suivant les régions. Il est en effet trop tard pour réorganiser complètement le plan de circulation des trains, d’autant que les voyageurs ont reçu, depuis plusieurs jours, une notification de l’annulation de leur voyage. En revanche le trafic devrait être normal le week-end du 31 décembre, au grand soulagement du gouvernement.
Une question reste néanmoins lancinante. Ce conflit est né, non pas à l’initiative d’une des quatre organisations syndicales représentatives de la SNCF, mais sous l’impulsion d’un collectif qui regroupe entre 4 000 et 5 000 contrôleurs. Ils ne sont pas liés par la signature de la CFDT, la CGT, L’Unsa et SUD-Rail. Mais ce collectif ne peut théoriquement pas déclencher un préavis de grève lui-même puisqu’il n’a pas le statut de syndicat représentatif. Et donc pas de cadre légal pour un arrêt de travail. Il reste néanmoins possible, pour ceux qui voudraient malgré tout exprimer individuellement leur mécontentement, d’utiliser les préavis de grèves dits «dormants». Ils sont régulièrement déposés «au cas où la situation sociale se dégrade» et afin de tenir compte de la loi qui impose une déclaration de chaque cheminot, quarante-huit heures à l’avance, avant de débrayer.
La tentation de réformer le droit de grève dans les transports
Après la signature de cet accord, chacune des parties à ce conflit va faire ses comptes. La direction n’a visiblement pas vu l’ampleur du mécontentement des contrôleurs qui couve depuis la fin de l’été. Pourtant, un mouvement de grève de cette même catégorie avait déjà eu lieu au début du mois de décembre et avait été particulièrement suivi. Fabien Dumas, délégué national SUD-Rail, ne cache pas sa colère : «Ce qui a été lâché aurait pu l’être au mois de novembre et il n’y aurait pas eu ces grèves. Il a fallu que le gouvernement mette la pression sur la direction. Cela fait des mois que l’on alerte sur la situation des contrôleurs.» Les organisations syndicales, qui ont pourtant enregistré une bonne participation aux dernières élections professionnelles de la SNCF, vont devoir elles aussi s’interroger sur la manière dont elles ont été débordées par un collectif qui s’est constitué sur Facebook et a rapidement enregistré plusieurs milliers de sympathisants.
Enfin, le gouvernement, qui a été particulièrement offensif sur ce conflit en multipliant les déclarations, est aujourd’hui tenté de réformer le droit de grève dans les services publics. Emmanuel Macron, dont l’entourage a fait part de son «agacement» jeudi lors du dernier Conseil des ministres de l’année, y serait favorable. Pour autant, le ministre des Transports, Clément Beaune, a été beaucoup plus mesuré vendredi matin, évoquant plutôt un allongement des délais d’alarme sociale ou de dépôt d’un préavis de grève, en cas de conflit social. Si elle se confirme, la trêve à la SNCF prendra fin en janvier. Les cheminots ont en effet l’intention de marquer fermement leur opposition à la réforme des retraites qui doit être présentée par Elisabeth Borne le 10 janvier et doit mettre fin aux régimes spéciaux, notamment celui des salariés du rail.
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