Entre le gouvernement et les syndicats, le dialogue de sourds tourne à l’impasse politique

Si les relations entre l’exécutif et les centrales syndicales n’étaient déjà pas au beau fixe, la dernière interview du chef de l’Etat et les déclarations d’Olivier Dussopt ont acté le divorce. Quelles sont les pistes pour renouer le dialogue?

Le gouvernement pourra-t-il s’appuyer un tant soit peu sur les syndicats dits réformateurs comme la CFDT pour ses prochains projets de loi stratégiques comme la « loi Travail »? Rien n’est moins sûr, tant les relations entre l’exécutif et les centrales sont aujourd’hui détériorées.

Bien sûr, les syndicats ont dès le départ de l’annonce de la réforme des retraites dit leur opposition au projet de recul de l’âge légal de départ à 64 ans.

Mais les dernières déclarations d’Emmanuel Macron lors de son interview télévisée de mercredi ont mis le feu aux poudres. Il a d’abord dit regretter « qu’aucune force syndicale n’ait proposé un compromis ».

Attaque en règle

Une attaque en règle qui a fortement irrité les organisations comme FO. « FO, opposée à tout recul de l’âge de départ et allongement de la durée de cotisations, a présenté et transmis régulièrement ses propositions en matière d’emploi et de gestion des fins de carrière » peut-on lire dans un communiqué.

Mais la « goutte d’eau » est venue de l’attaque frontale contre la CFDT. Le chef de l’Etat a en effet asséné un tacle à Laurent Berger, déclarant que « le secrétaire général de la CFDT, pour qui (il) a estime et respect, était allé devant son congrès en proposant d’augmenter les durées (de cotisations, NDLR). Il n’a pas été suivi (…) mais il avait cette volonté de faire travailler davantage ».

À peine quelques minutes plus tard, Laurent Berger répliquait: « Déni et mensonge! La CFDT a un projet de réforme des retraites. Macron 2019 l’avait compris, il avait repris notre ambition d’un système universel. Macron 2023 refait l’histoire et ment sur @cfdt pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste », a-t-il réagi sur Twitter.

Quand l’Elysée regrette l’absence de compromis proposé par les syndicats, ces derniers fustigent le manque d’écoute (voire le silence radio) et de concertation du gouvernement, et l’absence de rencontre avec Emmanuel Macron, ce dernier renvoyant les syndicats chez Olivier Dusspot.

« Des contacts discrets » contestés par la CFDT

Le ministre du Travail justement, ce jeudi sur RTL conteste cette rupture du dialogue et affirme avoir « des contacts informels et discrets », avec les organisations syndicales. « Cela permet de mieux comprendre les positions des uns et des autres », a-t-il ajouté.

Reprenant les propos du président de la République qui tend la main à la concertation pour les prochaines réformes, Olivier Dussopt espère que ce dialogue se fasse « progressivement » et « à l’initiative du gouvernement ».

Problème, cinq des huit leaders syndicaux interrogés par RTL disent le contraire et affirment n’avoir eu aucun contact avec Olivier Dussopt ou ses équipes.

« Je n’ai vu ni le ministre du Travail, ni le président de la République, ni la Première ministre depuis le début du conflit des retraites début janvier », confirme ce jeudi Laurent Berger sur BFMTV.

Divorce consommé

« Il y a eu des échanges » par téléphone avec Olivier Dussopt, lui disant « qu’à un moment donné, il faudra qu’on se voie », précise Laurent Berger, mais « il n’y a pas de discussion ».

Le divorce semble donc bel et bien consommé entre le gouvernement et la CFDT en particulier dont la position « réformiste » a plusieurs fois pu aider le gouvernement pour certains projets de loi comme celui sur le partage de la valeur.

Désormais, il faudra faire sans. Sur BFMTV, Laurent Berger appelle ainsi à un « délai de décence » avant de reprendre des discussions. « Je ne vais pas me précipiter la semaine prochaine à discuter chez M. Dussopt que je n’ai pas vu depuis début janvier ».

Et d’asséner, « c’est idiot parce qu’après il dit qu’il faudra renouer le dialogue. Moi je n’ai jamais renoué le dialogue en commençant à mettre une gifle à quelqu’un ».

Impasse pour la prochaine loi Travail?

Même tonalité sans surprise d’autres centrales comme la CGT. « On n’ira pas comme ça s’asseoir autour d’une table avec des gens qui se moquent de nous » lance Marie Buisson, candidate à la succession de Philippe Martinez à la tête du syndicat sur France Info.

Il faut donc s’attendre à une ambiance plus que tendue pour le prochain gros dossier du gouvernement, la loi Travail et plein emploi. Il pourrait confirmer la rupture du dialogue entre l’exécutif et les corps intermédiaires et mener tout droit à une nouvelle impasse politique.

Pour Antoine Foucher, président de Quintet conseil, ancien directeur de cabinet de la ministre du travail, Muriel Pénicaud interrogé par BFM Business, il faudra « du temps » pour renouer le dialogue.

Mais l’enjeu principal sera de savoir comment le gouvernement « reprend la main alors qu’on n’est même pas encore sorti de la crise des retraites ».

Parmi les options possibles pour les débats à suivre, « le référendum sur trois ou quatre sujets très importants pour le pays et aucun mouvement social n’aurait la possibilité de s’opposer à un projet de loi validé par référendum » estime l’ancien dircab.

Donner plus la main aux partenaires sociaux sur les prochains dossiers

Ou redonner plus la main aux partenaires sociaux sur les réformes à venir afin de signer des accords, une idée défendue par Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef.

Une fausse bonne idée pour Antoine Foucher. « Il propose ça en s’appuyant sur l’accord sur le partage de la valeur (signé entre le patronat et les syndicats, NDLR) qui est un bon accord », mais sur le reste, « ils ne seraient pas d’accord du tout entre eux, ils n’ont pas l’expertise en interne pour discuter de ces sujets ».

Cette méthode a pourtant été appliquée par François Hollande entre 2012 et 2017 mais aujourd’hui, « il (Emmanuel Macron) peut réessayer mais on ne voit pas sur quels sujets il pourrait leur confier une forme de délégation de législation. Et après l’accord, il faut le transcrire au Parlement car ce type de texte n’a aucune valeur légale » explique-t-il.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business

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