Entre Emmanuel Macron et les syndicats, l’impossible réconciliation

Si Emmanuel Macron voulait apaiser les syndicats, qui depuis plus de deux mois, cherchent par tous les moyens à exprimer leur opposition à son projet de réforme des retraites, c’est raté. Loin de répondre à leur demande de retirer son texte, le président de la République a, au contraire réaffirmé, son intention d’appliquer sa réforme d’ici à la fin de l’année. Assumant l’impopularité que cette décision entraîne.

Dans les rangs syndicaux, les réactions ne se sont pas faites attendre. La CGT a qualifié cette intervention de « lunaire », remplie « de mépris ». A quelques jours de son congrès, durant lequel il passera la main, Philippe Martinez a évoqué « un foutage de gueule ». Idem du côté des cadres de la CFE-CGC. Quant à la CFDT, elle a publié un communiqué intitulé « Zéro réponse ».

Et, sans surprise, l’intersyndicale a renouvelé son appel ce jeudi à une neuvième journée d’action. Raffineries, écoles, transports, services publics… les perturbations promettent d’être encore nombreuses.

Des critiques qui ne passent pas

Sur de nombreux points, l’intervention d’Emmanuel Macron a fait monter d’un cran la détermination de ses opposants. Non seulement parce que sur le fond, ils ne veulent pas du recul de l’âge légal de 62 à 64 ans, mais aussi parce que les mots, et la façon dont Emmanuel Macron s’est adressé à eux, les a braqués.

Ainsi, le président a-t-il exprimé son regret « qu’aucune force syndicale n’ait proposé un compromis. Là, où historiquement, les forces syndicales proposaient des compromis … ne faites pas 65 ans, 64 ans, 63 ans et demi, augmentez la durée… là, on nous a dit ‘aucune réforme’ ». De quoi mettre le feu aux poudres chez les centrales qui, certes, ont rejeté toute mesure d’âge mais, dont certaines, ont proposé pour équilibrer les comptes, des hausses de cotisations patronales, des taxations …

La plupart ont eu l’impression, pendant les concertations, d’avancer des idées qui à chaque fois étaient balayées d’un revers de main. Ainsi, Pascale Coton vice-présidente de la CFTC, qui rappelle des suggestions faites autour de la pénibilité, etc : « Nous avons, comme d’autres, proposé mais on ne voulait pas nous entendre, c’est ahurissant ».

Emmanuel Macron n’a pas eu ces mots à la va vite. C’était en creux une façon, pour le président de souligner que le plus petit déterminateur commun de l’union syndicale est le recul de l’âge.

Mais dans son interview, Emmanuel Macron a surtout pointé la CFDT, qui a pris le leadership de la contestation. Si la centrale réformiste s’est sentie, à juste titre visée, c’est parce qu’elle a accompagné des réformes des retraites. Ce fut notamment le cas en 2003, ce qui a laissé des traces douloureuses dans les rangs de l’organisation de Belleville. A cette occasion, elle a perdu de nombreux adhérents. De fait, cette allusion historique ne pouvait que raviver la colère de ses adhérents, et notamment, le secrétaire général Laurent Berger. Et cela n’a pas manqué.

Un point de non-retour entre Laurent Berger et Emmanuel Macron

En effet, le leader de la CFDT, n’a pas attendu la fin de l’interview pour répliquer par un tweet au vitriol, dans lequel il a dénoncé à la fois « le déni et le mensonge » du chef de l’Etat. Une réponse écrite avec une célérité et une virulence rare chez celui qui veille à faire preuve de nuance.

Mais, cette fois, s’en est trop pour le successeur de François Chérèque. Il ne peut supporter, selon lui, de voir le locataire de l’Elysée « refaire l’histoire et mentir sur la CFDT, « dans le but de masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste ».

Et Laurent Berger de rappeler que son organisation soutenait, par exemple, la réforme, qui visait à transformer le régime de retraite actuel en un système universel par points. Proposition reprise d’ailleurs par Emmanuel Macron en 2017, mais abandonnée en 2020, juste avant le covid. Le président s’en est d’ailleurs justifié au cours de cette interview : la situation de 2022 n’était pas celle de 2017.

Si les relations entre Laurent Berger et Emmanuel Macron sont glaciales depuis longue date, ce mercredi 22 mars, elles ont pris une autre tournure. En effet, elles marquent un point de non-retour. Jusqu’alors tue, leur animosité personnelle a éclaté au grand jour par médias interposés.

Des discussions autour de la future loi Travail compliquées

De quoi compromettre encore la sortie de crise, alors que le président de la République propose de discuter collectivement du travail. Le sujet est cher à Laurent Berger, qui n’a eu de cesse, pendant ce conflit de dénoncer les injustices de la réforme au regard de celles accumulées au long des carrières.

Mais, comment renouer le dialogue et être capable d’échanger sereinement ? Emmanuel Macron a, à plusieurs reprises, glissé qu’il faudrait du temps. Mais cela suffira-t-il ?

A la tête de la CFTC, Cyril Chabanier résume : «  On attendait une séance d’autocritique et de remise en cause de la méthode, on a eu droit à un satisfecit agrémenté de critiques à l’endroit des syndicats, et de tous ceux qui sont contre la réforme. Le président semble vouloir se projeter vite vers l’après et les prochaines réformes et négociations. Mais comment ? Comment passer à de futures discussions avec une confiance à ce point altérée ? »

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