Divorce à venir de la CGT avec la CFDT


Sophie Binet, élue surprise à la tête de la CGT

© AFP – JEFF PACHOUD Sophie Binet, élue surprise à la tête de la CGT

EDITORIAL – Sophie Binet a été élue à la tête de la CGT, au détriment de la dauphine désignée Marie Buisson. Les plus radicaux du syndicat ont ainsi exprimé leur défiance face à Philippe Martinez, jugé trop conciliant dans le conflit de la réforme des retraites, et trop amical avec le leader de la CFDT Laurent Berger. Binet a annoncé que la CGT ira bien avec la CFDT à Matignon le 5 avril mais elle devrait adopter une ligne plus dure que son prédécesseur.

La formule on ne peut plus vacharde a claqué comme une gifle: Philippe Martinez s’est « amolli à force de prendre des cafés avec Laurent Berger« . Il n’est donc pas étonnant que, dans ce contexte de grande tension politique, idéologique et personnelle, le récent 53e congrès de la CGT ait viré au cauchemar pour le moustachu secrétaire général- statutairement sortant. Son rapport d’activité? Mis en minorité, « repoussé ». Un première claque. La successeure qu’il avait choisie, préparée, formée, Marie Buisson? Renvoyée sans plus de manière. Un second (et rude) camouflet! À la surprise des observateurs les plus affûtés, une autre femme, Sophie Binet, 41 ans, responsable de la CGT Cadres, a été élue. Une double première, pour le syndicat: une femme-cadre, et non pas un homme-ouvrier. Ce n’est pas rien.

Lire aussiPourquoi la CGT fait le choix de la modernité en nommant Sophie Binet à sa tête

Sophie Binet s’est d’abord faite remarquer au sein de l’UNEF, le syndicat étudiant, où elle milita en 2006 contre le CPE (contrat premier emploi). Après un bref passage au… PS, elle rejoint la CGT, travaille à l’Éducation nationale- conseillère principale d’éducation- à Marseille puis en Seine-Saint-Denis. Dans une CGT de tradition masculine et même machiste, elle impulse le soutien aux luttes féministes et dénonce les violences sexistes. Dans un entretien accordé en 2016 au magazine les Inrocks, elle théorise et justifie son action: « dans l’histoire du mouvement ouvrier, le combat de classe a longtemps été jugé supérieur au combat pour l’émancipation, contre les discriminations. Ce n’est plus le cas à la CGT où nous savons qu’il faut les mener de front ».

Ligne de Martinez jugée trop conciliante

Marie Buisson partage cette conviction féministe; elle n’en a pas moins été balayée. En raison du soutien de Philippe Martinez, on le sait, mais aussi à cause de la ligne Martinez, trop « conciliante » selon de nombreux cégétistes. « Conciliante » d’abord et avant tout avec la CFDT durant ce conflit des retraites. Comment Martinez a-t-il pu par exemple approuver la récente proposition de Laurent Berger- nommer un « conciliateur », mot désormais maudit? Pas question de concilier avec le gouvernement, seul le retrait est acceptable. « Je ne veux pas que mon syndicat devienne une organisation moderne comme la CFDT qui négocie la régression sociale et casse nos acquis ». Ce militant de la Fédération CGT des industries chimiques- l’une des plus radicales- parle haut et fort. Sophie Binet sera contrainte d’en tenir compte. D’ailleurs, elle en tient déjà compte, dès ses premières interventions.

Binet entourée par les durs

Ainsi, cela va de soi, ne prendra-t-elle pas la responsabilité de rompre l’unité syndicale si spectaculaire et si efficace depuis les premiers instants de ce conflit social. Pas question de sécher la réunion prévue ce mercredi 5 avril à Matignon avec la première ministre Elisabeth Borne avec, dit-elle, « une intersyndicale soudée ». Mais pas question non plus, pour la nouvelle cheffe de la CGT, d’accepter quelque échange que ce soit hors « le renoncement à la retraite à 64 ans ». Le leader CFDT sera-t-il aussi raide? Dans un premier temps certainement, mais ensuite, une fois que le Conseil constitutionnel se sera prononcé? Et les autres syndicats? Ils savent tous que Sophie Binet, aujourd’hui, ne dispose guère de marge de manoeuvre- ou fort peu. Les durs du syndicat ont fini par œuvrer à son élection et, désormais, ils « l’entourent ». Elle doit faire avec eux, en particulier, avec son vrai numéro 2, Laurent Brun, le chef de file des cheminots CGT. Un radical qui n’a jamais cherché à le dissimuler d’aucune façon.

Il pourrait lui mener la vie dure à propos de… l’écologie. Au grand dam des fédérations industrielles et pro-nucléaires, Philippe Martinez avait engagé la CGT dans le Collectif « Plus jamais ça », avec de nombreuses associations écologiques, notamment Greenpeace. Difficile, pour Sophie Binet, de revenir en arrière. Mais tout aussi difficile de ne pas répondre aux exigences ( anti CFDT et anti écolo), de ses camarades…

La chronique est produite du mieux possible. Vous avez l’opportunité d’envoyer un message aux coordonnées présentées sur notre site web afin d’apporter des détails sur ce contenu parlant du thème « Syndicat de l’éducation nationale ». Le site cftc-education.fr a pour finalité de créer plusieurs publications autour de la thématique Syndicat de l’éducation nationale publiées sur internet. cftc-education.fr vous propose de lire ce post autour du thème « Syndicat de l’éducation nationale ». Il y aura de nombreux autres articles sur le sujet « Syndicat de l’éducation nationale » dans quelques jours, on vous invite à visiter notre site internet aussi souvent que vous le pouvez.