Caisses de grève: comment les syndicats compensent les pertes de salaire des manifestants

Pour faire durer un mouvement social, il faut soutenir ses grévistes. Si la colère les motive à aller manifester, l’absence de salaire peut causer leur découragement. Pour éviter la démobilisation, les syndicats sont équipés: ils ont, notamment, des caisses de grèves.

Un gréviste ne fait pas grève sans que cela ne grève son porte-monnaie. Une journée non travaillée est une journée non payée par son employeur. Mais pour soutenir leurs membres, les syndicats ont quelques ressources.

La question financière « a toujours été une problématique majeure: pouvoir tenir est quelque chose qui évidement, dans un rapport de force, peut être déterminant », explique l’historien Stéphane Sirot à l’AFP.

Elle l’est d’autant plus que les grèves qui commencent en ce mardi 7 mars sont appelées à être reconductibles dans plusieurs secteurs et que, depuis plusieurs mois, l’inflation pèse sur le budget des Français. Pour éviter leur démobilisation, il faut tenter de limiter l’addition. Comment les syndicats paient-ils une partie de l’addition de leurs adhérents?

Des caisses de grèves bien remplies?

Les aides proposées par les organisations syndicales ne sont pas nouvelles, c’est même un principe “à peu près aussi vieux que la grève elle-même,” souligne Stéphane Sirot.

Si les syndicats peuvent vendre des goodies pour financer leurs actions, leur ressource principale reste leurs caisses de grèves. A la CFDT, elle s’appelle la Caisse nationale d’action syndicale. Permanente et alimentée par les cotisations des adhérents, elle est forte de plus de 140 millions d’euros de réserves.

Accumulées sur plusieurs décennies, l’idée n’est pas de les vider entièrement pour financer le mouvement contre la réforme. Pour 2023, le budget à la CFDT est d' »un million d’euros », explique Jean-Michel Rousseau, chargé de la caisse qui gère aussi les actions juridiques.

Si Force Ouvrière possède aussi une caisse permanente, le syndicat Solidaires a opté pour la décentralisation de ses fonds d’aide tandis qu’à la CGT, ils mettent en place des cagnottes.

“La CGT a créé une caisse en solidarité aux grévistes mobilisés pour gagner une réforme des retraites plus juste et plus solidaire,” explique la centrale sur Leetchi. Leur « Cagnotte Solidarité CGT Mobilisation » a déjà récolté plus de 600.000 euros.

Sur une autre de leur cagnotte créée en 2016, cogérée avec SUD-Postes 92 et nommée « Caisse de solidarité », ils ont jusqu’à maintenant recueilli quelque 550.000 euros de dons. Un montant jamais atteint lors des précédents mouvements, note Romain Altmann, qui coordonne la caisse pour Info’Com CGT.

« Syndiqué ou non », pour prétendre à une aide, « il faut avoir fait deux jours de grève consécutifs », explique-t-il.

Une aide nécessaire, une distribution encadrée

“Dans cette période d’inflation et de crise de pouvoir d’achat, l’aide que nous apportons aux travailleurs est essentielle”, appuie Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière, cité dans Le Parisien.

“Elle permet à certains de se lancer dans la bataille”, poursuit le secrétaire général de FO.

“Nous voulons mettre toutes les chances de notre côté », renchérit un dirigeant de la CFDT toujours dans Le Parisien. S’assurer que personne ne fera défaut à la mobilisation pour des raisons financières. Avec l’inflation, la question de la perte d’argent à cause de la grève est au premier plan.”

La caisse de la CFDT permet aux grévistes de recevoir environ 7,70 euros par heure non travaillée tandis que celle de FO leur octroie jusqu’à 30 euros d’indemnisation par jour sur reçu des bulletins de salaire qui démontrent que les jours de grèves ont été décomptés de leur paie.

Ces aides, si elles sont les bienvenues, ne compensent pas le salaire d’une journée de travail. Le SMIC net est à 8,92 euros.

Pour chaque jour de grève, un salarié du privé perd plus de 80 euros, 82 euros pour un ouvrier et potentiellement beaucoup plus pour un cadre, selon l’INSEE.

Olivia Bugault

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