Budget : les associations, les syndicats et les mutuelles vent debout contre Bercy sur la fiscalité et le déficit

La citadelle de Bercy est assiégée de toutes parts. Après le lancement d’une commission d’enquête parlementaire sur la dette emmenée par le député Philippe Juvin (LR) ce mercredi 15 mai, la société civile a décidé de mener également une fronde contre le ministère des Finances. Réunies sous l’égide du « Pacte de pouvoir de vivre » rassemblant 61 associations, mutuelles, et ONG, les principaux représentants ont sonné la charge contre Bercy ce jeudi 16 mai. « Les enjeux des finances publiques sont une question démocratique. Ce n’est pas normal que les économies à réaliser soient tranchées dans les couloirs de Bercy. Le débat budgétaire est confisqué par Bercy », a fustigé Amandine Le Breton, directrice du « Pouvoir de vivre », devant la presse au siège de la CFDT dans le XIXème arrondissement de Paris.

Faisant référence aux 10 milliards d’euros d’économies décidées par décret en février, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, s’est dit « inquiet du prochain budget pour 2025 ». Pour tenir les objectifs des nouvelles règles budgétaires européennes, le gouvernement a annoncé 20 milliards d’euros de coupes dans les dépenses en 2024 et 20 milliards d’euros en 2025. Après les dérapages budgétaires de 2023, l’exécutif veut donner des gages de sérieux financiers à la Commission européenne. Malgré ces annonces, la France pourrait tomber en procédure de déficit excessif en juin prochain. De leur côté, les députés de l’opposition ont demandé un budget rectificatif à l’été mais sans succès jusqu’à maintenant.

Le Pacte du pouvoir de vivre pointe la question cruciale des recettes

Lors de leur intervention, les représentants de la société civile ont rappelé que le réchauffement climatique va nécessiter des milliards d’euros d’investissements en France et à l’échelle européenne. « On ne peut pas relever ce défi de taille sans recettes supplémentaires pour accompagner les ménages et les entreprises dans la transition », a déclaré Christophe Robert. De son côté, Amandine Le Breton a affirmé que « les débats passent sous silence la question des recettes ». Certes, le Premier ministre Gabriel Attal et la président de l’Assemblée nationale Yaël Braun Pivet ont ouvert la voie à une taxation sur les superprofits et les rentes au printemps.

Mais ces suggestions sont loin d’avoir été reprises par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Interrogé par La Tribune sur le tournant budgétaire plus restrictif des gouvernements en Europe, Christophe Robert a regretté que « les Etats aillent dans le sens inverse de l’histoire ». Pourtant, « le rapport de Jean Pisani-Ferry, qui est un économiste proche d’Emmanuel Macron, dit qu’il va falloir changer d’échelle ». Le délégué général a étrillé les réformes engagées par l’exécutif. « On est en train d’aller chercher des marges de manœuvre budgétaires chez les plus fragiles. Il s’agit de faire des économies de bout de chandelle chez les plus pauvres. Le gouvernement s’apprête à lancer sa quatrième réforme de l’assurance-chômage. C’est une politique de la petite semaine ».

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Une majorité de Français favorable à une taxation européenne sur les grandes fortunes

Dans la bataille pour les Européennes, le pacte du pouvoir de vivre a réalisé un catalogue de propositions pour alimenter les programmes des candidats au Parlement européen. S’agissant des mesures fiscales, le collectif a testé un certain nombre de mesures à l’occasion d’un sondage dévoilé ce jeudi 16 mai auprès d’un panel de 1.000 Français au mois d’avril.

Parmi les mesures testées, figure la mise en place d’un impôt européen sur les grandes fortunes. Sur cette question, 88% des répondants ont affirmé que cette mesure était souhaitable. Sur ce total, 53% affirment que cet impôt est « souhaitable et réaliste » et 35% soutiennent qu’il est « souhaitable mais pas réaliste ». La plateforme a également soumis sa proposition d’augmenter le taux minimum sur les multinationales de 15% à 25%. Les répondants sont favorables à 83% pour cette mesure. Mais moins de la moitié considère que cette hausse est « réaliste » et 38% jugent qu’elle n’est « pas réaliste ».

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Lancement des dialogues sur la fiscalité à l’Assemblée nationale en juin

Les ministres de Bercy ne sont pas au bout de leur peine. La semaine dernière, le président de la Commission des finances, Eric Coquerel (LFI), a annoncé le lancement des dialogues de l’Assemblée nationale sur la fiscalité. « Il s’agira de débattre entre les représentants de tous les groupes, de faire un état des lieux et de travailler concrètement sur les recettes publiques », a expliqué l’élu dans un communiqué.

Prévu entre les mois de juin et de septembre, le calendrier de cette commission devra permettre d’aborder « l’impôt sur le revenu, la TVA, la taxation du capital, les dépenses fiscales, les collectivités locales, les prélèvements obligatoires », avant les débats sur le budget 2025. Répondant aux dialogues de Bercy lancés par le gouvernement, cette initiative veut redonner du poids au Parlement sur les questions budgétaires. Mais déjà, les craintes d’un nouveau 49-3 planent au-dessus du prochain budget 2025.

Européennes : le Pacte de pouvoir de vivre s’inquiète de la montée de l’extrême droite

A l’approche des élections européennes, le Pacte de pouvoir de vivre a sonné l’alarme. « Le paysage politique s’assombrit. Plusieurs pays ont vu l’extrême droite s’installer durablement. Ces populismes représentent un danger », a averti Christophe Robert. Distancée par le Rassemblement national, la majorité présidentielle incarnée par la candidate Valérie Hayer (Renew) peine à retrouver de l’élan dans les enquêtes d’opinion. Le président de la République, Emmanuel Macron, a demandé à ses ministres de s’impliquer sur le terrain dans la campagne des élections au Parlement de Strasbourg mais cette stratégie pourrait s’avérer insuffisante au regard des derniers scores réalisés par l’extrême droite lors de la présidentielle et des législatives en 2022.

Grégoire Normand

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